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LA CONSPIRATION MAGON
RÉCIT DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES

I
LES DESSOUS D’UNE ACCUSATION

Dans les pages qui suivent, je me suis efforcé de tirer de l’oubli, en en reconstituant le cadre et les détails, l’un des plus tragiques épisodes de la Terreur, et des moins connus : l’histoire d’une famille, — la famille Magon, — littéralement décimée par le tribunal révolutionnaire sous le prétexte d’avoir ourdi un complot contre la République et au profit de la royauté. Ce complot n’avait jamais existé ; il fut forgé de toutes pièces dans le sein du Comité de Sûreté générale pour justifier l’arrestation des malheureux dont on convoitait les biens. On les arrêta, hommes et femmes, au nombre de vingt-cinq, et douze d’entre eux, dont un adolescent de dix-sept ans, condamné à la place de son père, allèrent à la guillotine avec des gens qu’on prétendait être leurs complices et qui, pour la plupart, leur étaient inconnus.

Dans l’étude que j’ai consacrée ici à Hérault de Séchelles et aux dames de Bellegarde, publiée depuis en volume sous ce titre : Le Roman d’un Conventionnel, j’avais fait allusion à ce drame dont les victimes étaient alliées au fougueux terroriste qui, quoique pour d’autres causes, périt vers le même temps qu’elles[1]. Mais je n’espérais pas en faire revivre les péripéties,

  1. Voyez la Revue des 1er 15 octobre et 15 novembre 1903.