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340 REVUE DES DEUX MONDES. Porte-Flèche. — Adieu ! Je dois céder la place à un aussi noble promeneur. (Les jeunes filles rentrent, Porte-FJèche sort rapidement.) SCENE IV L’EMPEREUR TARTARE, déguisé en vice-roi du Sud. PUITS-DES-BOIS, son ministre. PuiTs-DES-Bois. — Je ne vois personne... Votre Majesté peut s’avancer. L’Empereur. — « Votre Majesté »... Tu veux donc me perdre ? Puits-des-Bois. — Oh ! Sire I L’Empereur. — Encore ! Puits-des-Bois. — Quand nous sommes seuls, je ne peux m’empêcher... L’Empereur. — Il le faut... Derrière ces stores, très proba- blement, des espions nous surveillent. PuiTS-DES-Bois. — Des curieuses plutôt : c’est le pavillon des filles d’honneur. L’Empereur. — Le pavillon des filles d’honneur!... Alors, il y a aussi des filles d’honneur! Non, vraiment je crois rêver! Je savais pourtant ce que je venais chercher ici. Qu’en trois siècles de règne, les empereurs de ma dynastie n’ont jamais dompté la sourde révolte des vaincus, je le savais ! Que dans les provinces du Sud les rebelles n’ont jamais courbé la tête, oui, je le savais. Que Nang-King est leur centre et quici même un descendant des Ming a régné pendant plus de dix-sept ans avant d’être anéanti par nos armées, je n’ignorais rien de tout cela... Mais je croyais que ce simulacre d’empire était plus mys- térieux, plus dans l’ombre... Et voici que je trouve un palais aussi beau que le mien, des gardes, des fonctionnaires, des ministres, un cérémonial réglé comme dans ma propre cour... Notre empire est trop grand, vois-tu, pour être gouverné par une seule tête.... J’ai voulu voir par mes yeux. J’étais préparé à toutes les surprises et, cependant, ceci me dépasse! (Il s’as- sied siir lin banc, au pied d’un arbre en fleur.) PuiTS-DES-Bois. — Ce qui est plus surprenant encore, c’est que vous soyez ici, vous, à l’insu de tous; ici, chez vos impla-