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à la communauté des fidèles ; qu’une telle translation violait le droit commun, le droit canon, les engagemens de l’Etat, et la Constitution ; que l’on créait de nouveaux organismes qui, d’après le droit canon, ne pouvaient être regardés comme juridiques ; et qu’enfin l’État n’était pas qualifié pour élaborer de pareils articles.

Mais la commission parlementaire avait passé outre : le projet, tel qu’elle l’avait remanié, tel qu’il revenait devant le Landtag le 24 avril, aggravait même le texte primitif. La commission, d’abord, étendait la définition du patrimoine ecclésiastique, elle faisait rentrer dans cette définition et soumettait dès lors au nouveau projet de loi les fondations mêmes pour lesquelles les bienfaiteurs auraient institué des organes spéciaux d’administration, et puis le produit des quêtes et collectes faites, soit durant les offices, soit à domicile, pour des buts religieux ou connexes. Ainsi l’argent même recueilli par le prêtre au cours de ses quêtes échapperait désormais à sa libre disposition ; d’une main, les fidèles lui donneraient, en tant que membres de l’Eglise ; mais de l’autre main, en tant qu’électeurs dans l’Eglise, ils lui reprendraient cet argent, et l’affecteraient à tel ou tel chapitre du budget paroissial. Ensuite la commission retirait au prêtre, en principe, la présidence du conseil d’Eglise ; elle lui enlevait le droit de vote pour la composition de ce conseil et de la représentation paroissiale ; elle interdisait de l’élire membre de cette dernière assemblée. Ainsi accentuait-elle l’autonomie de ce pouvoir laïque, démocratique en ses origines, que l’on voulait créer dans chaque paroisse en face du prêtre. La commission, d’autre part, permettait aux conseils d’Église d’en appeler au président supérieur, c’est-à-dire encore à l’État, de la résistance qu’opposerait l’évêque à leurs actes administratifs ; le président jugerait en dernier ressort : la bureaucratie d’Etat devenait ainsi juge entre l’évêque et les fidèles.

Entre la foule laïque et l’Etat bureaucratique, l’autorité de l’évêque, en vertu du projet de Falk, se trouvait déjà comprimée comme dans un étau : les commissaires rendaient plus vigoureuses encore les pinces de l’étau, ils en serraient la puissante vis ; et puis, non sans insolence, ils laissaient trente jours à l’épiscopat pour dire si oui ou non il appliquerait la loi. Si la réponse était non, tout ce qu’elle laissait de prérogatives aux évêques reviendrait à l’État. Falk et le Landtag acceptèrent