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eu trois endroits ; on verra subsister, toujours ouverts, toujours inquiétans, les trous que Bismarck y aura creusés ; les libertés dont jouira l’Eglise prussienne, dont pour le moment elle jouit encore, lui seront reconnues, non plus par la Constitution, qui dure, mais par le législateur, qui change, et non plus comme des droits, mais bien plutôt comme des cadeaux.


IV

C’est ainsi que sous l’Église catholique de Prusse, en avril 1873, la terre prussienne achevait de s’effondrer. La loi qui suspendait les dotations supprimait à l’Eglise ses ressources ; la loi qui rayait les articles constitutionnels supprimait à l’Eglise ses garanties. Par la première, elle perdait sa sécurité matérielle ; elle perdait, par la seconde, ce qui lui restait encore de sécurité morale. Bismarck avait accumulé ces ruines en alléguant qu’il faisait la guerre ; il les avait consommées, en disant que c’était nécessaire pour la paix. Il scandait par le mot de paix les derniers coups qu’il donnait à l’ennemi.

Mais avant même que la Chambre des Seigneurs n’eût ratifié les votes du Landtag, d’autres projets se discutaient, qui n’avaient plus à redouter aucune collision avec les articles constitutionnels, et qui ne marquaient pas, assurément, des étapes vers la paix : l’un avait trait à l’administration des biens d’Église, et l’autre aux congrégations.

Voilà plusieurs années que les canonistes vieux-catholiques souhaitaient que, dans chaque paroisse, la communauté des fidèles fût organisée, et investie de certains droits : ils espéraient qu’ainsi l’Etat pourrait s’appuyer, contre la hiérarchie, sur la foule des laïques, et que, parmi ces laïques, des agitateurs vieux-catholiques parviendraient, tôt ou tard, à rallier une majorité, qui détacherait la paroisse de la communion romaine. Falk, à la fin de 1872, avait pressenti les évêques, au sujet d’une telle organisation ; ils avaient répondu par des fins de non-recevoir. Reprenant cette tentative au début de 1873, il avait cette fois négligé de les consulter. Le projet de loi sur l’administration des biens d’Église, déposé par Falk dès le 27 janvier 1873, visait le patrimoine ecclésiastique de toutes les paroisses catholiques. On comprenait sous ce nom de patrimoine ecclésiastique tous les biens affectés aux besoins du culte, à la