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trouverai. Je ferai en sorte que cette lutte, où nous fûmes contraints, pour un moment, de prendre l’offensive, ne se poursuive plus que d’une manière défensive, et que désormais l’offensive soit laissée à l’enseignement des écoles plutôt qu’à la politique. »

Il avait, depuis trois jours, dans les deux Chambres, entassé les invectives contre la Papauté ; il demandait, ce jour-là même, qu’on retirât à l’Église, formellement, tous les droits primordiaux qui faisaient obstacle aux fantaisies successives de la législation d’État ; il tenait à ce que l’État redevînt en théorie le maître de l’Église ; et puis il promettait qu’ensuite il redeviendrait pacifique et, tout au moins, cesserait d’être assaillant.

Mais le Centre demeurait sceptique, et Schorlemer-Alst le disait, avec cette raideur toute militaire, avec ces audacieuses façons d’attaque, par lesquelles s’illustra son éloquence durant les dernières années du Culturkampf. « Je me considère toujours comme en état de guerre, » signifiait-il au chancelier. Il le pressait, l’opposait à lui-même, le harcelait. Ce pape dont Bismarck dénonçait l’influence, n’était-ce pas ce même Pie IX dont en 1871 le même Bismarck avait précisément invoqué le crédit, pour le faire agir sur le Centre et contre le Centre ? Schorlemer, démasquant les intentions ennemies, les accusait de vouloir séparer de Rome les catholiques d’Allemagne ; ce serait nous séparer de la source de vie, déclarait-il ; et l’imminence même d’une nouvelle défaite ne l’empêchait pas de croire à la victoire finale, d’y croire avec orgueil, et de l’annoncer.

Bismarck répliqua, et Bismarck encore parlait de paix ; il trouvait des mots aimables pour Antonelli, « esprit lin, disait-il, et qui n’est pas aussi asservi aux Jésuites que le sont beaucoup d’autres, mais malheureusement sans influence à l’heure qu’il est ; » et ramassant dans une curieuse période tous ses griefs contre le Centre, et contre l’ascendant du Pape sur le Centre, et contre les prétentions pontificales, il savait si bien orienter, cependant, les replis de cette agressive période, qu’ils faisaient avenue, tous ensemble, vers certains mots évocateurs, qui suggéraient encore l’idée de paix.

« Je conserve l’espoir, disait-il textuellement, que l’influence du Pape sur le parti Centre se maintiendra, car, comme l’histoire nous montre des papes guerriers et d’autres pacifiques, des papes militans et d’autres se consacrant au spirituel, j’espère qu’un jour, bientôt, reviendra le tour d’un pape pacifique, qui