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suggestions bismarckiennes, il ne se trouva personne, ni aux Communes, ni parmi les Lords, pour rappeler au peuple anglais les désirs de Bismarck. La preuve était faite, désormais, qu’il ne suffisait pas d’un ordre du chancelier pour que les Etats européens ennuyassent le Pape, soit chez eux, soit à Rome. Bismarck avait souhaité leur connivence ; ils avaient feint de ne pas comprendre, ou bien ils avaient refusé.


II

Le Cullurkampf international réussissait mal : Bismarck restait seul, en face d’un pape qui rendait ses ordres inutiles, en les déclarant nuls ; en face d’un épiscopat qui, par un document public, venait de réfuter la circulaire bismarckienne de 1872, relative au futur conclave. Ses représailles furent des projets de loi nouveaux, qui, pour entrer en vigueur, n’auraient pas besoin de la collaboration de l’Eglise, et qui échapperaient, dès lors, aux humiliations subies par les lois de Mai.

De par le projet de loi qu’il déposait au Landtag, au début de mars, tous les crédits affectés, sur les fonds de l’Etat, aux évêchés et à l’entretien des ecclésiastiques, devaient être immédiatement suspendus ; les taxes et prestations dues à l’Eglise cesseraient d’être levées, tant que se prolongerait cette suspension. Pour que les crédits fussent rétablis dans chaque diocèse, il suffirait que l’évêque promît, par écrit, l’obéissance aux lois de Mai. Lors même que l’évêque demeurerait inflexible, tout curé qui prendrait un engagement semblable, recouvrerait son droit aux générosités de l’État, et l’État pourrait même en faire bénéficier un curé qui manifesterait par des actes l’intention d’obéir aux lois. La cour royale pour les affaires ecclésiastiques protégerait contre les poursuites disciplinaires de l’évêque les prêtres qui, donnant au pouvoir civil ces preuves de déférence, recommenceraient d’émarger au budget ; mais si, plus tard, quelqu’un d’entre eux se permettait de rétracter ou de violer ses engagemens envers l’État, il serait châtié par la révocation et par l’incapacité juridique de remplir les fonctions sacerdotales. Ainsi la Prusse alimenterait les curés, s’ils péchaient contre l’Église, et les déposerait, si plus tard ils se repentaient.

Après avoir, en décembre, brisé tous liens entre Pie IX et Guillaume, Bismarck, en mars, commençait de déchirer la bulle