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LE RELÈVEMENT DE L’INDUSTRIE RURALE.

La Russie, la Suède, l’Allemagne nous inondent d’objets multiples moins volumineux, boîtes, sébiles, poupées, jouets, coupe-papier, etc., etc., qui coûtent excessivement bon marché et une loi de protectionnisme, récemment votée par la Chambre, nous a appris que des meubles nous sont fournis par la Belgique et que leur chiffre d’importation atteint annuellement plusieurs centaines de mille francs. Mais cela, c’est de la grande industrie et nous ne nous occupons ici que de la petite.

Jadis, en Anjou, les jouets d’enfans, au lieu d’être achetés à bon marché dans les bazars, étaient l’œuvre des parens ou des enfans eux-mêmes. Il est probable que cette industrie familiale et traditionnelle subsiste encore dans certaines campagnes de Maine-et-Loire comme dans plusieurs communes d’Ille-et-Vilaine, car on est arrivé à réunir dans cette région, pour le Musée du Trocadéro, une centaine d’instrumens de musique, de joujoux, de personnages en bois. Il serait facile d’orienter la fabrication ou plutôt le travail du bois, dans un sens moderne. Le concours des jouets, organisé par M. Lépine, a donné de fort beaux résultats ; il devrait stimuler le zèle de nos petits fabricans et les engager à persévérer dans cette lutte contre la concurrence étrangère, dont nous pouvons sortir vainqueurs. Si nous n’arrivons pas à faire bon marché, nous devons fournir des objets bien faits, ayant un caractère artistique très marqué ; c’est là notre supériorité.

Arrivons maintenant aux industries féminines qui atteignent, en France, un chiffre considérable. Toute femme sait plus ou moins bien coudre. Le jour où elle a besoin de gagner sa vie ou même de chercher un salaire d’appoint, elle songe aussitôt à utiliser son aiguille et se met à faire de la lingerie ; aussi cette industrie est-elle plus qu’aucune autre encombrée : les demandes de travail dépassent considérablement les offres, ce qui amène une surproduction et par suite une baisse de prix qualifiée, non sans raison, de « salaires de famine. »

D’après l’enquête de l’Office du Travail, la lingerie, à elle seule, occupe 60 000 femmes, mais, il faut bien le dire, la loi sur les Congrégations lui a porté un coup terrible dont elle aura peine à se relever. La fermeture des couvens a eu pour résultat de détruire un certain nombre des meilleurs centres de travaux à la ma, in. Les congrégations dispersées se sont établies à l’étranger et développent dans les pays voisins et même dans