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campagnes. On y préconisa des remèdes divers. Tous convergent plus ou moins directement vers cette solution : reconstituer le foyer familial et faire de la famille rurale une unité forte, puissante, un bel arbre vigoureux, dont les rameaux s’étendent sans se détacher.

Le bien de famille, que nos législateurs ont établi, a fait faire à la question un grand pas ; mais il ne faut pas oublier que la pierre angulaire, du foyer, c’est la femme, la mère de famille. Si elle est bonne ménagère, elle saura rendre l’intérieur agréable au mari et y retenir ses enfans ; c’est donc cette partie de son éducation qui est à développer chez la jeune fille, sans qu’on néglige de la former en même temps à la vie d’une fermière ou d’une maîtresse d’exploitation. Pas plus que les femmes de la classe aisée, nos paysannes ne sont préparées à la vie rustique dont leur entourage les éloigne encore. Sauf exception d’un ou d’une sur cent, l’instituteur et l’institutrice détournent plutôt leurs élèves des travaux agricoles et ménagers, considérés comme bas et vulgaires. Les bons élèves, tant garçons que filles, sont dirigés vers le brevet et ceux dont on désespère, ceux dont on ne sait plus que faire, ceux qui ont la « tête dure » ou faible, sont destinés au travail des champs et au ménage, Quoi d’étonnant si le revenu de la propriété, mal administré, est amoindri et si les charges en deviennent plus lourdes !

Depuis ces dernières années, les idées à ce sujet ont quelque peu changé en France. Un grand mouvement d’opinion publique s’est produit, et l’on semble mieux comprendre aujourd’hui l’importance de l’éducation ménagère. Des écoles d’enseignement théorique et pratique s’ouvrent un peu partout, à Paris et en province, et donnent des résultats appréciables qui font bien présager de l’avenir. Ici, ce sont des écoles de cuisine destinées aux femmes et aux jeunes filles du monde, où elles apprennent la composition d’un menu, le prix de revient de chaque plat, l’arrangement de la table, le service, la cuisine proprement dite, les nettoyages, etc., etc. ; là, ce sont des écoles d’agriculture qui les mettent au courant de ce qu’elles devront savoir pour faire de bon élevage ; mais, hélas ! dans ces dernières écoles, les élèves sont encore peu nombreuses.

L’exemple donné par les villes a eu sa répercussion dans les campagnes, et l’un des plus beaux résultats obtenus répond à l’initiative généreuse d’une Lozérienne au profit de l’œuvre