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LE RELÈVEMENT DE L’INDUSTRIE RURALE.

matières premières, l’industrie s’est vue réduite à néant. Cependant, il n’est pas de récolte plus aisément obtenue, ni qui donne moins de peine. À Lavaur, les chemins sont bordés de mûriers ; l’État ou même les grandes compagnies de chemins de fer pourraient en planter le long des routes, sûrs d’en recueillir de beaux bénéfices.

Une statistique parue, pour 1905, dans la Diplomatie and consular reports of foreign trade of China démontre qu’en Chine et au Japon le nombre de filatures à l’européenne est en décroissance marquée et que le nombre de filatures indigènes, ou zagouris, est, en revanche, monté, en quatre années, de 601 à 1 074, ce qui fait près du double[1].

L’industrie du ver à soie est à reconstituer dans notre pays. A nous de chercher à reconquérir, avec notre supériorité d’autrefois, notre vieille réputation ; il faut que la soie de France, comme l’était jadis celle des Cévennes, devienne hors pair et soit recherchée à ce titre.


II

Il résulte de cette revue que nous venons de passer plus ou moins rapidement des produits des diverses régions, que partout ou à peu près il y aurait plus et mieux à faire et qu’on pourra développer davantage la production. Malheureusement, les gens des campagnes dédaignent d’utiliser les trésors qu’ils ont sous la main ; ils préfèrent quitter ou vendre leur lopin de terre pour aller à la ville grossir le nombre des ouvriers d’usines ou, s’ils sont ambitieux, devenir des bourgeois. Il faut donc avant tout les rattacher au sol natal, leur apprendre à l’aimer, à le cultiver, comme le firent leurs ancêtres.

A son congrès de 1909, la Société d’Economie sociale étudia plus particulièrement les moyens d’enrayer la désertion des

  1. L’industrie de la laine, celle du coton et celle de la soie ont subi le même sort en France. Cette dernière, qui pendant si longtemps a été la reine du monde, est battue en brèche partout, en Allemagne, en Italie, en Suisse, aux États-Unis, et voit se dresser en face d’elle un nouvel adversaire plus redoutable que tous les autres, le Japon. L’augmentation dans la consommation de la soie qui a été de 31 pour 100 pour les nations européennes, qui a atteint 83 pour 100 aux États-Unis, n’a été que de 10 pour 100 pour la France. Depuis 1898, la fabrication aux États-Unis dépasse sensiblement la nôtre ; sa production, qui n’était à cette époque que de 237 000 kilos, s’élève aujourd’hui à 1 million 850 000 kilos.