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REVUE DES DEUX MONDES.

L’industrie fruitière et maraîchère, qui peut s’étendre un peu partout, offre de grands avantages. D’abord, elle est rémunératrice et ne connaît guère le chômage, puis, non seulement elle occupe les hommes, mais elle procure de l’ouvrage aux femmes dont l’agilité et l’adresse sont fort appréciées pour l’emballage des fruits. Cologne est surtout un grand centre d’écoulement de produits maraîchers français ; de là ils sont répartis et expédiés plus loin encore. Malheureusement, une fois de plus, nous nous sommes laissé distancer sur le marché allemand : l’Italie envoie 70 000 tonnes de légumes et de fruits et sur 510 500 tonnes de légumes et de fruits que nos voisins d’outre-Rhin achètent annuellement à l’étranger ; nous n’en fournissons que 43 000. Nous-mêmes sommes tributaires de la Californie pour une quantité considérable de fruits séchés et tapés.

Une seule région, jusqu’ici, semble bien comprendre l’intérêt que nous avons à cultiver et à répandre au dehors le surplus de nos productions, c’est la vallée du Rhône, la Provence où le commerce maraîcher atteint des proportions énormes. Journellement dix à douze trains partent pour Paris, de là pour l’Angleterre, emportant des wagons de fruits et de légumes. Châteaurenard est un marché de premier ordre. Les cerises viennent du Var et s’exportent en Grande-Bretagne. Pour prolonger l’époque de la maturité des fruits et des légumes, ou plutôt pour être à même d’en obtenir pendant une plus grande partie de l’année, un entrepreneur intelligent et avisé imagina de les faire cultiver dans des régions ou à des altitudes différentes. Il put ainsi faire plusieurs récoltes du même fruit et du même légume à des époques diverses et, les récoltes ayant lieu à peu près toute l’année, les livraisons ne subissent aucune interruption. La Bourgogne aussi lire parti de sa culture agricole, qu’elle s’efforce d’étendre. Son commerce de cassis atteint annuellement le chiffre respectable de 450 000 francs et, le récent Congrès qui s’est tenu à Dijon, nous a appris que l’exploitation du miel tend à augmenter, ainsi que la culture des framboises.

Nous exportons aussi en grandes quantités les noix en Angleterre, en Amérique et en Allemagne. Ce fruit, chez nous, se mange généralement frais. Les Allemands, au contraire, qui le prisent fort, s’en servent pour la confection des delicatessen,