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LE RELÈVEMENT DE L’INDUSTRIE RURALE.


manuel ou mécanique, les produits plus ou moins bruts en objets d’utilité ou même de luxe. La première de ces branches est, et doit rester, la plus importante : d’abord parce qu’elle seule est essentiellement rurale, puis parce qu’elle est capable de fournir à l’autre les matières élémentaires. C’est pourquoi nous commencerons cette étude en passant rapidement en revue les diverses ressources de l’agriculture.

Le beurre, le lait, sont des produits d’une vente certaine, dont on ne peut assez encourager la production. Il en est de même des œufs et de la volaille que nos paysans obtiennent en trop petite quantité, insuffisante à la consommation, puisque les jours de marché, — tout au moins en Touraine, — il ne reste jamais une pièce invendue. Les coquetiers eux-mêmes prétendent qu’ils trouveraient facilement à vendre le double de ce qu’ils apportent ; c’est donc à leur incurie qu’est due en partie la modicité de leur gain, et il leur serait facile de retirer de leur travail le bénéfice auquel ils ont droit. En soignant davantage les couvées, ils augmenteraient leur production et par conséquent leur source de revenu ; non seulement leurs produits trouveraient écoulement facile en France, mais le surplus pourrait s’exporter à l’étranger.

Sur le marché anglais, où nous occupions la première place pour les beurres, il y a vingt ans, nous sommes descendus à la troisième. Nos exportations sont tombées en 1900 à 44 millions pendant que les ventes du Danemark s’élevaient à 226 millions, et, d’après le rapport de notre attaché commercial à Londres, notre importation d’œufs en Angleterre diminue chaque jour au profit du Danemark. Nos envois atteignaient, il y a quelques années, le chiffre respectable de 28 millions de francs et sont descendus à 9 millions par la faute de nos cultivateurs qui ne savent pas ou ne veulent pas envoyer, en quantité suffisante et bien emballés, les beaux œufs à coquilles rousses que l’Angleterre demande et qu’elle préfère aux œufs pâles et blancs. Est-il donc si difficile de donner satisfaction à nos voisins tout en soignant nos propres intérêts ? Il suffirait pour cela de veiller à certains croisemens.

En apiculture, on peut arriver à de fort beaux résultats. Le miel est encore un produit très demandé, rémunérateur et qui donne peu de peine, sauf aux abeilles actives.

Dans la campagne fertile, toute personne possédant une