Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 2.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moines bouddhistes, les médecins, les samuraïs philosophes avaient fondé de nombreuses écoles populaires, mais l’instruction des hommes était bien moindre qu’on ne l’a prétendu et l’instruction des femmes était négligée. Le nouveau gouvernement impérial veut au contraire que les enfans de toutes les classes fréquentent, au moins dans les premières années, les mêmes écoles et reçoivent la même formation. Cette formation leur est donnée par l’éducation, par l’instruction, par l’hygiène et les exercices physiques.

L’éducation est purement laïque ; l’enseignement religieux est proscrit de toutes les écoles, même des écoles privées ; cependant l’enseignement moral est fondé sur le rescrit de 1890, où l’empereur s’adresse à ses sujets au nom de ses divins ancêtres :


Soyez filiaux, leur dit-il, pour vos parens, affectionnés pour vos frères et sœurs, unis dans vos rapports conjugaux et fidèles à vos amis. Que votre conduite soit courtoise et frugale et que votre bienveillance s’étende à tous ! Livrez-vous à vos études et exercez vos métiers respectifs ; cultivez vos facultés intellectuelles et développez vos sentimens moraux ; contribuez au bien public et veillez aux intérêts de la société : soyez toujours obéissans à la Constitution et aux lois de notre empire ; si l’occasion s’en présente, dévouez-vous courageusement pour la patrie, ainsi vous nous donnerez une aide efficace pour maintenir et développer l’honneur et la prospérité de notre empire aussi ancien que le ciel et la terre.


L’éducation est donc fondée sur la tradition ; c’est justement : la plupart des passions, des tendances, des besoins de l’homme restent les mêmes dans tous les temps en dépit des formes particulières que leur donne telle ou telle époque ; par suite les grands principes de la morale ne varient pas et la meilleure manière d’élever l’enfant sera de développer chez lui l’instinct du bien, d’en rendre la pratique de plus en plus spontanée et même réflexe. Pour l’instruction au contraire, l’empereur et ses conseillers ont voulu que, dans l’ensemble, elle fût moderne et telle qu’elle permît aux Japonais de devenir les égaux des peuples les plus civilisés.

L’enseignement public est organisé de la manière suivante. Le ministre de l’Instruction publique, assisté d’un vice-ministre et du Conseil supérieur, dirige les établissemens qui dépendent de l’État et surveille les autres. L’enseignement privé est autorisé à la condition pour lui d’accepter les programmes et