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presque les deux tiers de la superficie totale de l’archipel (non compris Formose). Ce sont pour la plupart des montagnes, des forêts, des landes, la mise en exploitation s’en effectue lentement ; si le domaine de l’empereur est déjà productif, l’Etat ne tire encore de ses terres que des revenus peu considérables. L’État et l’empereur possèdent aussi les principales mines. L’État a les postes, les télégraphes, les téléphones, il a construit une grande partie du réseau ferré et racheté depuis 1906 presque toutes les lignes qui avaient été construites par des compagnies. De 1868 à 1885, pour initier le pays à la culture occidentale, l’État avait créé les plus importantes industries modernes ; il y a progressivement renoncé pour ne pas entrer en concurrence avec les entreprises privées ; il n’a conservé que les industries se rapportant directement à ses services (aciéries et arsenaux, manufactures des habillemens de l’armée, du matériel des chemins de fer, etc.). L’État avait également souscrit une notable partie des titres de la Banque du Japon et des autres grandes banques dont il contrôle la gestion ; il a cédé ses actions à l’empereur.

Grâce à une organisation méthodique, à une gestion prudente et habile, l’empire, qui en 1868 n’avait aucune ressource, ne percevait aucun impôt et payait ses dettes considérables par l’emprunt ou par l’émission (jusqu’en 1886) de billets à cours forcé, a pu en quarante ans se créer un budget d’un milliard et demi de francs, emprunter en 1904-05 plus de quatre milliards, racheter en 1906 les chemins de fer et cependant convertir sa dette dans ces dernières années, si bien qu’il l’aura prochainement ramenée au taux de 4 p. 100. Les Japonais ont donné là une preuve nouvelle de leur esprit scientifique et de leurs facultés d’organisation.


Les institutions se rapportant au gouvernement, aux services publics et aux finances avaient surtout pour objet d’organiser le pays ; nous aborderons maintenant l’étude des institutions dont le but principal a été de former l’esprit et le caractère du peuple.

Les fondateurs du nouveau régime se préoccupèrent, dès le principe, de créer l’enseignement public. Sous le shogunat, le gouvernement ne s’intéressait qu’à l’instruction des samuraïs ; il abandonnait l’instruction du peuple à l’initiative privée ; les