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REVUE MUSICALE




THEATRE DE L’OPERA : Le Miracle, drame lyrique en cinq actes ; paroles de MM. Gheusi et Mérane, musique de M. Georges Hüe. — THEATRE DE LA GAITE-LYRIQUE : Don Quichotte, comédie héroïque en cinq actes ; paroles de M. Henri Cain, d’après Le Lorrain, musique de M. Massenet. — THEATRE DE L’OPERA-COMIQUE : L’Ancêtre, drame lyrique en trois actes ; paroles de M. Auge de Lassus, musique de M. Saint-Saëns.


Un « drame lyrique, » le Miracle ! Plutôt un « opéra, » comme on disait et comme on faisait autrefois. Un opéra, et en cinq actes encore. Les librettistes n’ont eu peur ni du genre, un peu vieux, ni de la durée, qui nous paraît aujourd’hui un peu longue. Il convient d’honorer leur courage, lequel, grâce au musicien, n’a pas toujours été malheureux.

D’abord, il y a deux miracles, et non pas un seul, en cette affaire, dont voici l’argument. A l’époque médiévale, comme les savans appellent le moyen âge, une cité bourguignonne, celle que vous voudrez, est assiégée par un condottiere italien, celui qu’il vous plaira. Un beau matin, l’ennemi, de lui-même et sans combat, décampe. Miracle n° 1. Mais quelle espèce de miracle ? Pour l’évêque et le clergé, cela va sans dire, pour le peuple aussi, troupeau crédule, même pour les autorités municipales, alors moins éclairées qu’elles ne sont présentement, la ville doit sa délivrance à sa patronne, à sainte Agnès. Mais les gens sérieux, d’esprit libre, savent très bien, et ne se privent pas de le dire, tout bas, que l’intervention libératrice fut d’autre, sorte, plus humaine, par où nous entendons féminine aussi. Une fort belle et, de son état, peu farouche personne, Alix, avec moins