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REVUE DRAMATIQUE




RENAISSANCE. — Le Vieil homme, pièce en cinq actes, par M. G. de Porto-Riche.


La plupart du temps on nous donne au théâtre des pièces tout à fait agréables, mais où les auteurs ont poussé jusqu’à l’extrême et jusqu’à l’excès le souci de plaire en divertissant le public sans le fatiguer. A la fin, tant de friandises dégoûtent. Cela explique en partie la faveur un peu dithyrambique avec laquelle a été accueillie l’œuvre nouvelle de M. de Porto-Riche. Nous sommes cette fois en présence d’une œuvre qui est une œuvre — étudiée, méditée, travaillée, laborieuse, où l’écrivain a mis toutes ses qualités et tous ses défauts, et dit tout ce qu’il voulait dire, sans craindre d’appuyer et d’insister, au risque de lasser, de rebuter et de chagriner le spectateur. Qu’on aime la pièce ou qu’on ne l’aime pas, elle existe, et c’est ce qui la distingue de beaucoup d’autres que nous nous empressons de louer, de peur, si nous les discutions, qu’elles ne s’évanouissent comme par enchantement. Elle est en accord avec les idées et la manière qui ont fait la réputation de M. de Porto-Riche. Elle est dans la suite logique de ce théâtre qu’il appelle « théâtre d’amour. » On sait d’ailleurs ce qu’il entend par ce mot dont les poètes, les romanciers et les faiseurs de romances ont embrouillé, obscurci et affadi la signification : il le prend, plus simplement et plus crûment, au sens physiologique. La Rochefoucauld, qui fut un moraliste très avisé, ne voyait dans l’âme humaine que l’amour-propre. M. de Porto-Riche n’y voit que l’instinct du sexe. Il faut le savoir, pour éviter autant que possible de se méprendre sur la qualité des personnages, la nature de leurs sentimens et la portée de l’œuvre.

Michel Fontanet est un premier rôle du théâtre d’amour ; ayant