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Racine, celle dont on l’a tant raillé jadis, était un trait de génie. Oui, Racine utilise, il ne crée pas. Ses chefs-d’œuvre sont justement celles de ses pièces où il a le plus utilisé et des auteurs anciens et des contemporains, qui avaient manqué leur tragédie : je le montrerai dans un prochain livre où je parlerai des sources d’ « Athalie. »

On verra apparaître, alors, un mystère du moyen âge joué à La Ferté-Milon par une troupe où figuraient des évêques (La Ferté n’était qu’un grand monastère ! ) puis en 1658 une tragédie de collège, Athalia, jouée à Paris, tandis que Racine était collégien à Harcourt.

Au surplus, bientôt il n’y aura plus à chercher Racine. Bientôt, cet homme, — si bien caché qu’il n’avait même pas de visage, — apparaîtra dans le splendide portrait de Langres : le Racine de Phèdre, un être cruellement beau, ravagé, douloureux. Il captivera alors tous les regards. Chacun interrogera cette image. Beaucoup sauront la pénétrer… Ce jour-là, Racine cessera d’être la propriété de quelques-uns.


MASSON-FORESTIER.


Je ne rentrerai pas dans ce débat qui n’a jamais beaucoup intéressé le public et qui ne l’intéresse plus du tout. Je n’entrerai pas, surtout, dans la discussion du présent article de M. Masson-Forestier, où j’avoue que, par ma faute certainement, la suite des idées m’échappe un peu. Je me contenterai, quand mon article sur Racine ignoré sera recueilli en volume, de le faire suivre du présent article de M. Masson-Forestier. Ce sera mon geste d’impartialité, où les méchans verront, bien à tort, une petite vengeance.


EMILE FAGUET.