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sens physiologique du mot. Si on laisse tomber de 15 à 20 centimètres un morceau de sucre destiné à un chien, le morceau tombera à terre, l’animal n’ayant pas le temps de réagir pour l’attraper au vol. Ces temps de réaction, chez les animaux supérieurs, chez l’homme, peuvent être raccourcis par une éducation prolongée, sans cependant pouvoir jamais être moindres qu’un dixième de seconde. Or, si le vol en aéroplane ne saurait être comparé à l’acte de la marche, par exemple, qui, après un apprentissage assez court, finit par devenir automatique ; si, très souvent, ce vol exige de ceux qui s’y livrent beaucoup de discernement et de décision, on ne saurait nier que la rapidité dans l’exécution ne doive être considérée comme une qualité physique des plus précieuses. Les personnes à réactions rapides sont donc les plus indiquées pour se livrer à l’Aviation, surtout si elles sont appelées à monter des appareils à période maniable très courte, susceptibles, par conséquent, de prendre rapidement, en deux ou trois dixièmes de seconde, des inclinaisons dangereuses sous les coups du vent. Sauf quelques rares exceptions, ceux-là seuls qui, de bonne heure, ont appris à dominer et à perfectionner leur système nervo-musculaire, des hommes de sport, des marins, sont donc aptes à se risquer dans les airs. La jeunesse, en pareil cas, est aussi une qualité précieuse : les quadragénaires se montreront prudens en faisant du plus lourd que l’air à terre et les sexagénaires dans leur cabinet de travail. Il ne faudrait, cependant, rien exagérer : il saute aux yeux, en effet, que les aptitudes physiques les plus remarquables ne serviront que médiocrement un futur aviateur s’il n’y joint les vertus morales qu’exige, au plus haut degré, l’art difficile, épuisant et périlleux auquel il entend se vouer.

Mais notre futur aviateur supposé, au préalable, doué de toutes les qualités et vertus nécessaires, reste à décider quel est le type d’appareil auquel il doit faire appel pour son apprentissage et ses premiers vols.

Sur ce point, il n’y a guère d’hésitation possible. D’abord, quoique les règles que nous allons donner plus loin puissent, à la rigueur, permettre au candidat aviateur de faire lui-même son apprentissage, comme les leçons d’un maître n’en sont pas moins d’une utilité incontestable au point de vue sécurité, temps et argent, l’appareil doit être à deux places. Par suite, les commandes devront en être établies de façon que le professeur et