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Gordon-Bennett, Leblanc qui, par instans, faisait jusqu’à 31 mètres à la seconde, eût certainement battu Graham White si un accident stupide n’eût arrêté sa course.

On devine aisément que c’est à l’apparition de moteurs extralégers, tels que le Gnome, fournissant le cheval à 1 kilogramme et demi, à l’emploi de propulseurs de tout premier ordre, tels que l’hélice Chauvière, que sont dus ces chiffres inespérés. Des vitesses propres de 25 à 26 mètres sont regardées, aujourd’hui, comme des vitesses courantes. On est même en droit, désormais, de les exiger de n’importe quel aéroplane, monoplan ou biplan, puisque des biplans répondant à ces conditions, le L. Bréguet, par exemple, existent déjà.

Mais la vitesse n’est pas tout : l’endurance, la robustesse d’un moteur, d’une hélice, sont des caractéristiques presque aussi importantes que leur légèreté. À ce point de vue, moteurs et propulseurs, pendant toute la durée de l’année 1910, n’ont, pour ainsi dire, rien laissé à désirer.

A Etampes, le 30 décembre, M. Tabuteau, sur un biplan M. Farman, couvre, d’une seule traite, 584 kilomètres en 7 h. 42 ; E. Dubonnet, sur un monoplan Tellier, traverse Paris, le 23 avril, dans sa plus grande largeur ; l’infortuné Rolls, le 2 juin, parti de Douvres sur un Wright, traverse le détroit, vient voler au-dessus de Sangatte et, sans arrêt, reprend contact avec la terre natale, à Douvres même. Les grands voyages de ville à ville, réclamés avec tant d’âpreté par certains contempteurs du nouveau mode de locomotion aérienne, se multiplient : le 27 et le 28 avril, L. Paulhan, sur un biplan H. Farman, va de Londres à Manchester (298 kilomètres) avec un seul arrêt, à Lichfield ; du 1er au 3 septembre, sur un biplan Voisin, Biélovuccie fait le voyage de Paris à Bordeaux (540 kilomètres), avec arrêts à Orléans et à Angoulême. Puis, alors qu’au Mans W. Wright embarquait, souvent avec peine, un voyageur au plus, qu’en embarquer deux était, l’année suivante, regardé comme un véritable succès, L. Bréguet, à Douai, le 22 août 1910, en prend cinq à son bord. Le circuit de l’Est, enfin, ce circuit de 800 kilomètres (Paris-Nancy-Mézières-Lille-Paris), couru du 8 au 17 août, à des dates fixées à l’avance, prouve au monde entier l’endurance de nos aviateurs civils, la solidité de leurs appareils (des monoplans Blériot), tandis qu’en même temps (7 août-17 août) le raid de 825 kilomètres