Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 1.djvu/648

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fortune de l’Angleterre et de tous ceux qui, dans le parti royal, avaient abandonné Jehanne, la poursuivirent même après sa mort, en cherchant à étouffer sa mémoire dans le silence et l’oubli. Pour ne pas reconnaître la main de Dieu dans les victoires de Jehanne qui avaient eu un tel retentissement, le XVIIIe siècle, dans son scepticisme, voulut prolonger cet oubli ; mais le souvenir de la Pucelle n’en était pas moins resté dans l’âme du peuple comme un mythe glorieux qui dominait toute notre histoire.

Il était réservé à notre siècle de critique et de positivisme de vouloir approfondir la mission de Jehanne. Or, plus on examine sa vie et plus on l’analyse ; plus on étudie ses pensées et plus on scrute son âme ; plus on arrive à trouver que sa hauteur morale l’élève encore au-dessus des grandes choses qu’elle a faites. « Le temps qui la vit, les siècles qui suivirent s’épuisent à l’expliquer[1]. »


Comte C. DE MALEISSYE.

  1. G. Hanotaux.