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dirigent, depuis longtemps, chacune de son côté et dans son sens, les élections anglaises. Toutes deux allaient, avec promptitude, mettre au service de leur cause les ressources et les moyens d’action que prépare aux grands partis anglais leur admirable organisation. La dissolution n’était pas encore prononcée que, depuis plusieurs jours déjà, les journaux, unionistes et libéraux, publiaient la liste des candidats de leur parti, avec l’indication précise des réunions qui seraient tenues dans toute l’Angleterre, de la date de ces réunions et du nom des orateurs qui y prendraient la parole. La publication de ces listes mit en lumière deux choses assez frappantes. La première, c’est que le nombre des élections où le candidat, unioniste ou libéral, ne rencontrerait aucun concurrent serait beaucoup plus considérable qu’il ne l’avait été aux élections précédentes, ce qui semblait indiquer une certaine lassitude dans le corps électoral. Soixante candidats unionistes, trente-huit candidats libéraux n’avaient pas de concurrent. La seconde, c’est que le nombre des élections où il y aurait trois candidats, ce que les Anglais appellent three cornered elections, était presque nul. Or il avait été assez considérable aux élections précédentes, un membre du Labour party s’étant souvent présenté à la fois contre un Libéral et contre un Unioniste. Cette fois, Libéraux et membres du Labour party s’étaient mis préalablement d’accord pour ne point se faire concurrence, et cet accord montrait combien étroite était devenue leur alliance.

Les deux associations dont j’ai parlé ne bornaient pas leur activité à désigner les candidats et à organiser des réunions. Cette activité trouvait aussi à s’exercer par la publication des affiches. L’affiche joue un grand rôle dans les élections anglaises, non pas, comme en France, l’affiche signée du candidat lui-même où il fait sa profession de foi, prend à partie son concurrent, l’attaque ou lui répond, mais l’affiche symbolique et coloriée, destinée à frapper les yeux de l’électeur et à donner une forme animée et vivante aux questions qui lui sont soumises. Le peu de temps qui s’est écoulé entre l’ouverture de la crise et le, ou plutôt les scrutins, a été cause que les affiches ont joué un moindre rôle qu’aux élections précédentes. Cependant quelques-unes sont intéressantes et elles montrent mieux que tout ce que je pourrais dire le caractère de la lutte engagée. Cette fois, il n’a plus été question du Tariff reform ou du