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nouvelles. » (La Tour d’Auvergne, 31 juillet, 4 heures soir.)

Vimercati, qui n’avait pas été prévenu de la suppression, arriva à Paris, puis à Metz avec le projet intégral. Il dit à Gramont : « Nigra n’est au courant de rien. Je suis seul l’homme du Roi, et la preuve, c’est qu’il correspond avec moi avec un chiffre que personne n’a et qui n’est pas celui de l’ambassade. Soyez sans inquiétude, ce ne sera pas long, il va renvoyer ses ministres et en prendre d’autres. Seulement, il faut que vous lui rendiez la chose possible en acceptant l’article 7. » Gramont répondit que, si cet article n’était pas biffé, il n’y avait rien à faire. Vimercati se rendit à Metz, espérant mieux de l’Empereur. Il y était le 1er août. L’Empereur renouvela les protestations de Gramont contre l’article 7. Vainement, le prince Napoléon représenta que si le Roi, par déférence envers l’Empereur, à qui il devait tant, ne faisait pas de la signature de cet article la condition sine qua non de son concours, il lui avait télégraphié : « Sans Rome, je ne puis rien faire. Je n’ose pas le dire à l’Empereur, mais ne lui laisse aucune illusion. » « Vous promît-il, sans cette condition, ajoutait le prince, on ne lui permettrait pas de tenir sa promesse. » L’Empereur ne fléchit pas.

Il demanda en outre : à l’article 3 la suppression des mots et ainsi que entendu ; à l’article 6 une modification assez sérieuse qui était d’associer la France aux délibérations des deux puissances sur les combinaisons, soit en vue d’une médiation, soit en vue d’une entrée en campagne. Mais la modification la plus importante fut à l’article 5 qui, en prévision du changement de la médiation armée en concours effectif, disait : Aussitôt que faire se pourra. L’Empereur proposa de dire : Immédiatement. Ce changement n’était pas pour corriger des incorrections de forme et des fautes d’orthographe, comme a dit à tort le prince Napoléon ; il modifiait tout le caractère du traité. Tel qu’il avait été présenté, « il ne signifiait rien[1] ; » avec la rectification de l’Empereur, il devenait un acte efficace, entraînant un engagement ferme ; ce n’était plus une amusoire destinée à gagner du temps. En d’autres termes, la modification demandée rendait sérieux ce qui ne l’était pas. Il s’agissait de bien autre chose que d’une question d’orthographe.

Le 4 août, l’Empereur écrivit à Gramont : « J’ai vu

  1. Expression de Visconti-Venosta (Lettre à Arese).