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sommation à la Prusse de s’engager à maintenir en Allemagne le statu quo sur les bases intégrales du traité de Prague. La Prusse refuserait : alors les trois alliés déclareraient en même temps la guerre ; la France et l’Autriche mettraient en ligne toutes leurs forces ; le roi d’Italie fournirait 60 000 hommes, puis 40 000 au bout de quelques semaines ; cette armée, franchissant la frontière autrichienne, se porterait sur Munich. Quand toutes les forces seraient réunies, on exécuterait le plan d’opération débattu et arrêté à Vienne entre le général Lebrun et l’archiduc Albert, que celui-ci avait envoyé à l’empereur Napoléon III. Vitzthum partit le 15 au soir porter le projet à Vienne et Vimercati le même jour à Florence. Afin d’éviter les circonlocutions, nous appellerons ce premier traité à trois le traité français.

Le 17 juillet, Victor-Emmanuel, rentré de la chasse, répondit par un télégramme à l’appel de l’Empereur : « Le retard de ma réponse à vos dépêches vient de ce que j’étais en voyage pour Florence. Je désire de tout mon cœur être agréable a Votre Majesté, tout en cherchant le véritable intérêt de la nation italienne. — Je désirerais savoir quelles sont les dispositions de l’Autriche, et s’il y a déjà des engagemens de sa part. J’attends l’arrivée de Vimercati pour les détails et j’écrirai une lettre à Votre Majesté sur l’affaire de Rome. — Mon amitié, Sire, ne vous fera jamais défaut. » Ainsi le Roi ne décline pas l’engagement qu’il a pris en 1869 : il est prêt à le remplir ; mais il indique implicitement les deux conditions auxquelles il a toujours subordonné son concours : la participation de l’Autriche et l’évacuation du territoire romain.

Les ministres accueillirent tous la proposition de l’Empereur que leur fit connaître Victor-Emmanuel de reprendre les négociations sur le retour à la Convention de septembre. Ce fut l’avis même de Sella, autrefois adversaire de cette Convention. L’unanimité cessa quand le Roi proposa de faire du retrait de nos troupes le premier article d’un traité d’alliance avec la France ; ils étaient d’accord à considérer l’évacuation de Rome et l’alliance comme indépendantes l’une de l’autre : en se retirant, l’Empereur remplissait un devoir ; on n’avait pas à lui en savoir gré ; on n’était pas obligé d’unir les armes italiennes aux siennes. C’est par d’autres considérations que le Cabinet devait résoudre la question de l’alliance ; à cet égard, la liberté des ministres demeurait entière.