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chercher la guerre comme on nous en accuse, nous avons prié lord Clarendon d’intervenir auprès du ministre prussien pour provoquer un désarmement réciproque… Quelles que soient les calomnies inventées par le chancelier fédéral, nous sommes sans crainte, il a perdu le droit d’être cru. La conscience de l’Europe et l’histoire diront que la Prusse a cherché la guerre actuelle, en infligeant à la France, préoccupée du développement de ses institutions politiques, un outrage qu’aucune nation fière et courageuse n’aurait pu accepter sans mériter le mépris des peuples !  »

Bismarck ne répondit rien. Il fit écrire par Thile une circulaire sur les projets de désarmement et éluda notre sommation. J’adressai, pour ma part, un démenti catégorique au Times « Comment pouviez-vous croire qu’il y eût la moindre vérité dans ce traité ? Je vous assure que le Cabinet du 2 janvier n’est jamais entré dans aucune négociation et encore moins n’a rien conclu de ce genre avec la Prusse ; non, nous n’avons pas eu avec elle la moindre négociation ; tout au plus il y a eu quelques communications indirectes et confidentielles, par l’intermédiaire de lord Clarendon. Puisque M. Gladstone, dans l’un de ses discours, a soulevé un peu le voile qui couvrait ces communications, nous pouvons bien dire que leur objet, si honorable pour lord Clarendon, était d’assurer la paix de l’Europe par un désarmement réciproque. Vous reconnaîtrez que cela ne ressemble guère à la conduite de ministres qui ne cherchent qu’un prétexte pour faire la guerre. Vous savez trop bien à quel haut prix je mets la confiance et l’amitié de la grande nation anglaise ; l’accord et l’union des deux pays m’ont toujours paru la condition la plus essentielle au progrès du monde entier. C’est pour cette raison que je vous prie instamment de contredire tous ces faux bruits répandus par des personnes qui ont intérêt à nous diviser. Nous n’avons point une politique occulte derrière notre politique publique : notre politique est une politique loyale, sans arrière-pensée.  »

Le général Türr, fidèle ami de la France, nous apporta le concours de sa loyale parole. Il écrivit à Bismarck le 2 août 1870 : « Le 10 juin 1866, j’étais assez heureux pour pouvoir vous entretenir dans votre cabinet de travail ; le 11 juin, j’ai passé une heure avec vous sous le grand arbre de votre jardin ; Votre Excellence était très inquiète au sujet de l’issue de la