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permettent d’atteindre le cétacé, de le remorquer et même de le hisser à bord et d’éviter ainsi la perte de la capture. Cette transformation des moyens a ranimé, dans l’hémisphère boréal (en Islande, à Terre-Neuve, à Vladivostock), une industrie qui périclitait. Jusqu’à ces dernières années, rien de pareil n’a été tenté dans l’hémisphère austral. Or, dans les mers du Sud, au dire de tous les navigateurs qui ont fouillé les abords du continent antarctique, les baleines se rencontrent, depuis les balœnoptères (finback, humpback, etc.), qui coulent après leur mort et seraient perdus pour ceux qui ne disposeraient que d’un matériel rudimentaire, jusqu’à la baleine franche, qui surnage, mais est presque introuvable au Nord de l’Equateur. Cette dernière, qui porte quelquefois mille kilos de fanons dans son énorme gueule, assure, de ce fait, paraît-il, au pêcheur qui s’en empare, un profit de 40 à 50 000 francs, non compris la valeur de l’huile extraite de son corps. L’appât d’un tel gain a décidé les Argentins et les Chiliens à envoyer des baleiniers nouveau modèle au Sud du Cap Horn. M. R. Bossière, à qui nous empruntons ces détails, a relevé, dans un journal spécial de New-Bedford (États-Unis), le Whalemen’s Shipping List, de 1905, une note « appelant l’attention sur le navire Josephina, de 385 tonneaux, qui est rentré après avoir fait une seconde campagne de pêche dans les parages des Crozet et a rapporté 880 barils d’huile de baleine et 8 500 Lbs de fanons, accomplissant ainsi un voyage des plus heureux et des plus rémunérateurs pour ses armateurs[1]. »


Toutes ces perspectives ne pouvaient qu’encourager les concessionnaires des Kerguelen à tenter un nouvel effort ; mais, au lieu d’armer de toutes pièces une troisième expédition, ils agirent avec plus de prudence et passèrent une série d’accords.

Le premier, signé à Boulogne, à bord du Jean-Baptiste Charcot, le 24 juillet 1907, entre MM. René et Henry Bossière, d’une part, et M. Raymond Rallier du Baty, capitaine au long cours, d’autre part, autorisait celui-ci à pêcher et à chasser aux Kerguelen jusqu’au 1er janvier 1909. De son côté, M. R.

  1. Nouvelle notice sur les iles Kerguelen, p. 51-52. — Lbs = livres anglaises ; une livre anglaise équivaut à 0k, 453 grammes.