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de revenir ensuite dans les parages des îles Saint-Paul et Amsterdam pour terminer son chargement de phoques à fourrure, M. Mouchez a bien voulu me permettre d’accepter l’offre faite par le capitaine de m’emmener, mais avec cette condition que je devais être revenu avant la date (9 décembre) du Passage de Vénus.

« La chose étant possible avec ce bâtiment qui, bien armé, offrait toutes les garanties désirables (20 hommes d’équipage, excellente machine à vapeur), je suis parti et j’ai pu accomplir ce voyage dans de bonnes conditions. Le seul regret, c’est d’avoir eu trop peu de temps à y dépenser et de n’avoir jamais pu m’engager assez loin dans l’île pour dépasser la zone de plateaux basaltiques qui bordent les hautes montagnes glacées de l’intérieur.

« Leurs coulées avec les alternances de tufs et de produits de projections habituels recouvrant tout le pays dans la zone des fjords sur de vastes étendues, je n’ai recueilli que des échantillons des divers types de cette série volcanique, sauf cependant en deux points, fond de la baie de l’Oiseau, flanc Ouest de la baie de la Gazelle, où le soubassement de basaltes s’est montré fait de grès grossiers et de schistes charbonneux ; simple amorce d’une bande houillère, où M. H. Bossière devait rencontrer plus tard des couches de charbon.

« En dehors de cela, les seules roches éruptives intéressantes que j’ai rencontrées, c’est, à l’île de Castries, que j’ai touchée au retour, une diorite micacée sous les basaltes, puis un fort pointement isolé de trachyte blanc, enveloppé de blocs et de débris morainiques, étalés sur des grès quartziteux, sur le flanc Nord-Ouest de la baie du Centre. »


Les carnets de M. Vélain sont remplis d’observations sur la topographie glaciaire. Il les aurait publiés, peut-être, si d’autres missions (notamment celle de Drygalski) n’avaient ensuite repris cette tâche avec des moyens d’action plus grands. Quoi qu’il en soit, nous sommes heureux d’avoir obtenu de notre trop modeste compatriote cette note substantielle sur la géologie des Kerguelen.

La flore et la faune ne l’ont pas moins intéressé que la nature du sol. L’étude des pingouins lui a suggéré des réflexions, comme celle-ci, que ne contrediraient ni sir Ernest Shackleton