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Avec Ross, les études scientifiques commencèrent à se préciser. Les quelques rares spécimens de la flore locale notés par Cook furent l’objet d’une étude minutieuse de la part du docteur Hooker, botaniste de l’expédition. Il a identifié 150 espèces environ, mais seulement 18 plantes à fleurs, 3 fougères, 25 mousses, 1 champignon. Le reste se compose de lichens et de plantes marines. Ce savant revint sur le Pringlea antiscorbutica, le fameux chou de Kerguelen qui, pendant cent trente jours, fut consommé par l’équipage de l’Erebus et du Terror, de même que sur les herbes dont se nourrirent exclusivement les porcs, chèvres et moutons, débarqués à Port-Christmas. Cette expérience fit même regretter à Ross de n’avoir pu laisser dans la station quelques couples, qui auraient pu s’y multiplier.

Sans insister sur la faune, dont il a été parlé déjà, nous constaterons avec Ross que les phoques et éléphans de mer, si nombreux au temps de Rhodes, avaient disparu lors de sa venue. Faut-il voir dans ce fait la conséquence logique de la guerre d’extermination que leur déclarèrent des pêcheurs trop avides de butin ? — Pas absolument, car ces mammifères migrateurs désertent ces côtes pendant l’hiver ; or c’est précisément pendant l’hiver austral que Ross visita nos îles.

On sait que les observations magnétiques et astronomiques ont été poursuivies à Port-Christmas avec autant de suite que de méthode[1]. La géologie ne fut pas négligée. M. M’Cornick, médecin de l’Erebus, constate que toute la partie Nord des Kerguelen est de formation volcanique, que dans le voisinage des baies se développent des successions de terrasses horizontales de grès stratifiés, des roches prismatiques où le basalte domine et, plus loin, des montagnes coniques de 700 à 800 mètres, terminées en forme de cratère. Au pied des collines se rencontrent des pierres désagrégées, de nombreux débris ; sur le rivage, des grottes émaillées de cristaux de quartz ; ailleurs, des Lois fossiles restés intacts ; parfois des traces de charbon, mais non en couches assez épaisses pour justifier une exploitation[2]. Ici, nous relevons une phrase à retenir : « Sur la grande route de l’Inde et des colonies australasiennes, écrit Ross, à une distance convenable du cap de Bonne-Espérance, les Kerguelen, avec

  1. A voyage of discovery and research, etc., p. 94. La latitude observée a été de 48" 41’ Sud : la longitude de 69° 3′ 35″ Est (Greenwich).
  2. Ibid., p. 72-81.