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moment où les employés des P. T. T. adhéraient à la Confédération, cette association pouvait se vanter déjà de victoires impressionnantes.

Au mois de mars 1907 avait éclaté la grève des électriciens de Paris, c’est-à-dire des employés des Compagnies concessionnaires des secteurs pour l’éclairage et la force électriques. Cette grève se produisait dans des conditions très originales : c’était une grève préventive et d’intimidation, les grévistes ne réclamaient ni augmentation de salaires, ni diminution de la journée de travail. Ils jugeaient que les clauses, alors en discussion à l’Hôtel de Ville, d’un projet de concession de l’éclairage électrique ne leur allouaient pas de pensions assez élevées ; ils voulaient donner aux pouvoirs publics un avertissement ; celui-ci fut entendu ; les grévistes obtinrent tout ce qu’ils voulurent.

C’est ce coup de maître qui rendit fameux le nom de M. Pataud et qui l’induisit à recommencer différentes fois ce genre d’avertissemens. Le lendemain de cette grève heureuse, le journal Le Matin, en son numéro du 11 mars et sous le titre en gros caractère de : « Déclaration de guerre. Les vainqueurs du 9 mars indiquent comment on prépare la grève générale, la marche vers le Révolution sociale, » publiait différentes interviews qu’il avait eues non seulement avec le secrétaire général du syndicat des travailleurs ou des industries électriques, M. Pataud et avec M. Passerieu, secrétaire adjoint du même groupement, mais encore avec M. Merheim, secrétaire-adjoint du syndicat des métallurgistes, avec M. Yvetot, secrétaire de la Confédération générale du Travail, avec enfin M. Griffuelhes, de la même association.

Les déclarations de tous ces membres importans des états-majors syndicalistes étaient concordantes et triomphantes. Elles méritent d’être reproduites :


Ce que nous avons accompli dans notre industrie particulière, disait M. Pataud, qu’est-ce qui empêche nos camarades ouvriers de l’accomplir ailleurs dans toutes les industries importantes : au service du gaz par exemple et aux transports ? Ce serait du coup la Révolution économique par des moyens beaucoup plus sûrs que les mauvais fusils et les barricades de nos pères. Ce qui manque aux ouvriers, c’est l’organisation uniquement. Et notre expérience d’hier montre combien il est facile de nous organiser. Le mot d’ordre a circulé dans trente stations différentes, entre 1 800 hommes, sans une indiscrétion. Le gouvernement a été surpris, tout le monde a été surpris. Dans d’autres corporations, où le personnel est beaucoup plus