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VOLTAIRE

DEUXIÈME PARTIE[1]


LES POÉSIES ET LE THÉÂTRE DE VOLTAIRE

Avec cette universalité qu’il affectait, parce qu’il en savait bien le pouvoir, toujours considérable sur les esprits des hommes, il s’est exercé dans tous les genres, l’épique et le satirique, le tragique et le comique, le lyrique et le didactique, l’érotique et le philosophique, et, dans presque tous les genres, la même facilité qui fit illusion à ses contemporains l’a empoché de s’élever beaucoup au-dessus de la médiocrité.


I

Donnons-lui cependant la gloire d’avoir excellé dans ces petits poèmes ou dans ces jeux de société, pour les appeler de leur vrai nom, que nos pères aimaient tant et surtout nos grand’mères, qui ne sont que de la prose rimée, ne demandent que de la politesse, l’usage du monde, le tour galant, et où l’on met de l’esprit jusque dans les chevilles. Souvent grossières, quelquefois incongrues, les épigrammes de Voltaire ont de la légèreté, de l’aisance, du trait, et n’ayant pas peut-être le mordant de celles de Jean-Baptiste Rousseau, comme elles n’en ont pas non plus l’insupportable affectation marotique, elles sont plus naturelles, sentent moins le pédant, et beaucoup plus l’homme de

  1. Voyez la Revue du 1er novembre 1910.