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REVUE DRAMATIQUE


COMEDIE-FRANÇAISE : Comme ils sont tous, comédie en quatre actes par MM. Adolphe Aderer et Armand Ephraïm. — Les Marionnettes, comédie en quatre actes par M. Pierre Wolff. — VAUDEVILLE : Le Marchand de bonheur, pièce en trois actes par M. Henry Kistemaeckers.


L’année théâtrale commence bien pour les familles. La crise du mariage, qui, dans les pièces de la saison dernière, avait atteint un degré d’acuité si inquiétant, semble en voie d’arrangement. Certes, il y a encore des difficultés dans les ménages, surtout à l’époque des débuts. Les maris pour 1910-1911 ne sont pas devenus tout à coup des modèles de maris ; ils n’acceptent pas tout de suite la loi de leur existence nouvelle : il y a des habitudes prises, presque des droits acquis, d’anciennes maîtresses auxquelles on retourne. Je n’approuve, ni n’excuse ces coupables revenez-y. Mais voici la très réelle amélioration. Au premier soupçon d’infidélité, les femmes de l’autre année couraient chez l’avoué et réclamaient le divorce. Celles de cette année sont plus patientes, plus diplomates, moins nerveuses, et, à mon avis, mieux inspirées. Au lieu de se laisser aller au dépit et de faire de l’irréparable, elles se défendent. Elles luttent pour le mari. Chacune a sa manière en accord avec son humeur et ses moyens. Celle-ci s’arme d’une résignation touchante, celle-là a plus de confiance dans l’arsenal de la coquetterie. Mais toutes estiment que le mari, qui a été bon à prendre, est bon à garder. Elles sont récompensées de leur persévérance. Le calme succède à la tempête. Le bonheur va renaître. Un esprit de conciliation souffle sur nos âmes inquiètes. La politique de l’apaisement l’emporte dans les affaires domestiques.

Ainsi en est-il du moins dans les deux pièces que vient de représenter coup sur coup la Comédie-Française. La première, Comme ils