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leçon d’équité parlementaire demeurait sans écho. Ou, pour mieux dire, c’est au dehors qu’elle trouvait audience et gratitude. Elle parvenait aux oreilles du petit peuple, de cette troisième classe électorale, plus attachée aux vraies traditions, disait Windthorst, que ne le sont dans les classes élevées les « hommes de l’or. »

Puisque les idées de l’État moderne et païen étaient les bienvenues dans les deux premières classes, Windthorst considérait qu’on ne ferait preuve ni de vrai conservatisme, ni d’intelligence politique en laissant dans ces classes l’axe de l’Etat. Et inversement, c’était en avocat même du peuple qu’il prétendait attaquer la politique anticléricale. Il imputait à cette politique un but occulte : faire oublier la question sociale. « Je déplore très profondément, poursuivait-il, les nombreux erremens qui se produisent dans ce domaine social ; je déplore surtout les nombreux symptômes d’irréligiosité qui s’y joignent. Mais interrogeons-nous sérieusement : avons-nous à cet égard fait notre devoir ? » Il harcelait dans leur victoire les nationaux-libéraux, représentans de la richesse mobilière en même temps que de l’esprit de secte, en les sollicitant à ces examens de conscience que les puissances sociales n’aiment jamais.

Ainsi le Centre étalait-il ses affinités populaires et son souci des intérêts populaires, et puis, donnant tout de suite une voix aux aspirations mêmes de ses électeurs, il chargeait Mallinckrodt, Reichensperger et Windthorst de réclamer du Landtag le retrait immédiat des lois de Mai. Il était visible que dans un diocèse au moins, celui de Posen, le pouvoir civil était à bout de rigueurs : le 24 novembre, le président supérieur de Posnanie avait sommé l’archevêque Ledochowski de se démettre, et l’archevêque avait refusé. Entre ce haut fonctionnaire qui disait au prélat : Je ne vous connais plus, et ce prélat qui disait à la loi : Je ne te connais pas, insoluble était le conflit. Windthorst, le 10 décembre, demandait que la loi disparût.


Elle va contre les consciences, proclama-t-il, et voilà pourquoi les catholiques ne peuvent la suivre. Si on ne la retire pas, si même on l’aggrave, nous opposerons et nous devons opposer la résistance passive, ainsi que firent les premiers chrétiens ; l’anéantissement de notre Église, jamais nous n’y souscrirons. Des convictions pour lesquelles on souffre de tels sacrifices doivent avoir de profondes racines : et quiconque souffre ainsi pour sa conviction, fût-elle erronée, a droit au respect suprême de toutes les âmes bien nées.


Et Windthorst, continuant, prenait Falk à partie, lui