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annuellement 10 000 francs pour subvenir aux frais d’outillage, d’installation, de matières premières. Mais ses efforts se concentrent spécialement sur ces trois points : persuader le public des capacités des aveugles, patronner les travailleurs, et chercher de nouveaux débouchés à leur activité.

Réjouissons-nous de constater que d’autres sociétés la secondent dans sa lourde tâche, et que, depuis peu, de toutes parts, des initiatives nouvelles se font jour en faveur des aveugles. La Société des ateliers d’aveugles, œuvre de M. Lavanchy-Glarke, qui traverse en ce moment une période de crise, a fait beaucoup depuis vingt ans pour les ouvriers. La Ligue pour l’amélioration du sort des aveugles, fondée et présidée par M. Georges Bonjean, est susceptible, si elle se développe, d’exercer une action profonde. Son vice-président, M. Vaughan, le dévoué directeur des Quinze-Vingts, créait, il n’y a que quelques mois, un journal nouveau en points saillans : la Tribune des aveugles. Enfin et surtout, nous attendons beaucoup du comité permanent d’assistance aux aveugles que nous devons à M. Mirman, et qui a été constitué au début de l’année dernière au ministère de l’Intérieur, sous la présidence de M. le sénateur Labrousse. Son programme l’invite à s’occuper de toutes les questions relatives à la cécité, mais il a l’intention de songer tout spécialement aux travailleurs.


II

Le concours de tant de bonnes volontés, dont le tort est peut-être de ne pas se concerter assez étroitement en vue d’une action commune, est une chose très nécessaire. La tâche est très lourde. Quelque rapide qu’ait été le développement de l’Association Valentin Haüy, quelque merveilleusement efficace qu’ait été son activité, elle ne peut suffire à tout.

La première réforme qui s’impose est une réforme générale de l’instruction des aveugles. L’enseignement professionnel y est souvent si négligé, que beaucoup de leurs anciens élèves sont incapables d’exercer un métier. Ces malheureux sont perdus pour la vie active, et ce n’est pas tout : ils font du tort à leurs frères, car le public, qui les voit incapables, tend à généraliser leur cas et prétend juger les autres par eux. Actuellement, l’État seul peut opérer cette réforme de l’enseignement que nous