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nécessaires à la peinture monumentale, légendaire et historique. Le maître, l’inspirateur, le compositeur se sent partout, même lorsque la traduction de sa pensée est confiée à des interprètes d’une intelligence moins libre ou d’une expérience moins consommée, comme par exemple, dans les dernières pièces de la série, les Miracles après la mort du Saint. On a supposé que ces morceaux, d’une facture, en effet, plus molle, plus inégale et indécise avaient été exécutées, en son absence, par un élève moins habile que ses collaborateurs habituels. En tout cas, sous ses infériorités de traduction, on sent encore cet esprit du maître, cet esprit nouveau de sincérité et de naturel, par lequel se transforme, pour toujours, la peinture historique. Dès lors, et durant des siècles, c’est le génie de Giotto que l’on sentira, toujours présent, toujours actif, dans toutes les peintures murales en Italie. Lui-même allait bientôt revenir à Assise, pour y continuer son apostolat sous une autre forme. Mais avant d’y donner les modèles de la peinture symbolique et allégorique, il allait d’abord, à Padoue, renouveler et transformer les vieilles légendes évangéliques, avec autant de hardiesse et encore plus d’autorité qu’il n’avait renouvelé et transformé, à Assise, la légende récente du Saint local.


GEORGES LAFENESTRE.