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reconnaître, ces grandes artères qu’on nous représente comme sillonnées d’automobiles, de lourds charrois, ne valent pas les simples chemins vicinaux de France. La route de Tananarive à Mahatsara faisait exception, mais depuis l’ouverture du chemin de fer de la Côte Est-elle est très négligée, surtout dans la section qui traverse la forêt, d’Ambatolaona à l’Ivohitra. La route est systématiquement laissée à l’abandon pour réserver tout le trafic à la ligne, par suite de combinaisons dont nous avons constaté au Tonkin les effets désastreux ; la végétation envahit les talus, les fossés se comblent, les ponts de bois s’écroulent. La chaussée résiste encore, grâce à la perfection des travaux de terrassement et d’empierrement ; il faudrait donc peu de temps et d’argent pour la rétablir dans un état parfait de viabilité. Le chemin de fer serait ainsi doublé par une voie indispensable en cas de guerre ou d’une mise hors de service par les ravages de cyclones toujours à prévoir.

Les routes nouvelles n’ont pas ce caractère de solidité. Le plus souvent elles résultent de la transformation progressive des anciennes pistes indigènes, suivant les principes admis dans les anciens territoires militaires d’Indo-Chine. En général, il n’y a pas d’études préparatoires, de recherches méthodiques et de discussions de tracés. Le piquetage est fait par des agens peu compétens ; les coudes trop brusques, les débouchés de ponts trop difficiles, y sont une gêne constante pour les conducteurs de véhicules à vitesse modérée ; le profil de la route est trop accidenté, les déclivités trop fortes ; les rampes, trop longues et sans paliers de repos, ruinent promptement les attelages, fatiguent les organes des automobiles. Ces critiques s’appliquent à presque toutes les grandes routes de Madagascar : celles qui, de Tananarive, vont à Mevatanana par Ankazobe et Andriba, à Fianarantsoa par Antsirabe et Ambositra, celles d’Antsirabe à la côte Ouest, traversant la belle région de Betafo, et de Fianarantsoa à Mananjary. Toutefois, on peut constater de grandes améliorations dans le tracé des voies les plus récentes, que le service des Travaux publics a fait étudier avec soin : route de Tananarive à la vallée de la Mananara pour favoriser la culture et le commerce du riz, route de Moramanga au lac Alaotra pour l’exploitation de la fertile vallée du Mangoro supérieur, de Tananarive à Miarinarivo par Fenoarivo pour la mise en valeur du bassin du lac Itasy.