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paraît guère moins exempte de difficultés. Les richesses de toute nature, dont l’exploitation ferait la fortune de l’île ont été très vantées : fer, cuivre, pierres précieuses, or, charbon, pétrole, bois rares, production de tissus, d’huiles, de caoutchouc, de chaux et de cimens, savonneries, verreries, organisation d’usines multiples, formation de Sociétés font, aujourd’hui plus que jamais, les frais des conversations entre bailleurs de fonds probables, anciens colons et nouveaux immigrans. Ici encore, nous devons faire la part de l’exagération.

Il serait puéril d’affirmer que le sous-sol de Madagascar ne contient pas des minéraux en abondance ; que dans l’île, comme dans tout pays neuf, il n’y a pas place pour toutes les manifestations de l’activité industrielle. Mais il faut se méfier des généralisations trop hâtives et des conclusions trop optimistes fondées sur l’observation de faits particuliers.

Au début de l’occupation, la recherche de l’or absorba toutes les ardeurs. Madagascar avait, comme pays aurifère, une réputation bien établie d’après les récits des missionnaires, les rapports des résidens européens, les prohibitions de la législation malgache. On n’y voyait pas, comme au Laos par exemple, des bijoux à profusion chez les plus pauvres indigènes, mais on supposait qu’il n’y avait qu’à se baisser pour ramasser le métal précieux. Quelques trouvailles heureuses, quelques coups de pioche sensationnels dont la rumeur publique enfla la valeur, excitèrent les convoitises des premiers colons. Il sembla plus avantageux et moins fatigant de chercher pépites et poudre d’or que de fonder des usines et de cultiver des concessions. De nos jours encore, quiconque voit péricliter ses affaires, ruiner son commerce, ralentir son avancement, se déclare prospecteur, comme en Indo-Chine on devient douanier. Les coteaux, les bas-fonds se hérissent de « piquets ; » les chercheurs d’or rêvent de passer leurs placers à des syndicats, et tous croient que leur toby sera bientôt le centre d’un San-Francisco.

La confirmation de ces espérances aurait pour Madagascar une importance incalculable ; une rapide mise au point de cette question si controversée paraît donc nécessaire. Certes, il y a de l’or à Madagascar. Actuellement, de nombreux prospecteurs ou concessionnaires vivent dans une petite aisance, grâce à la production de leurs tobys. Les procédés d’exploitation sont rudimentaires. Un Européen plante un piquet, et, dans le cercle