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à d’incessantes révisions ; leurs abords témoignent de leur instabilité. On n’y voit pas d’arbres qui les protégeraient contre le soleil de la saison sèche ou le vent froid de l’hiver. Dans l’incertitude habituelle du lendemain, les habitans négligent de planter manguiers, pêchers, goyaviers, orangers, eucalyptus, mimosas, lilas du Japon, qui croissent avec une si grande facilité dans la terre des hauts plateaux et qui leur donneraient un abri contre la chaleur, du combustible pendant la saison froide. L’absence de végétation autour des localités rurales montre bien que les Malgaches ne sont pas attachés au sol par les souvenirs, les traditions ou l’intérêt.

Ces pratiques funestes dureront plus que nous, peut-être. Les migrations des villages ne pourraient être arrêtées que par un accroissement énorme de la population, qui la contraindrait à des moyens de culture moins primitifs. Mais cet espoir semble irréalisable. Malgré les sages dispositions ordonnées par le général Galliéni et développées par M. Augagneur, l’assistance médicale obligatoire ne donne pas les résultats prévus. La multiplication des hôpitaux indigènes, des médecins de colonisation, la distribution gratuite de médicamens sont impuissantes contre le dépérissement indiscutable de la race. Si l’on en croit les résidens français établis à Madagascar bien avant la conquête, le nombre des habitans diminue ou reste stationnaire. Cette affirmation s’explique aisément. Le Malgache des hauts plateaux est mal protégé contre les variations de température qui font osciller le thermomètre de — 10° à + 40°. Été comme hiver, il reste vêtu d’une chemise, d’un vague caleçon et d’un lamba de toile. Dans sa maison de bois, de paillotte ou de pisé, ouverte à tous les vents, il ne peut se chauffer pendant la rude période qui s’étend de mai à septembre, car le combustible, quand il peut s’en procurer, est rare et cher. Son alimentation est médiocre : le riz, les herbes bouillies, les fruits verts, exceptionnellement de la viande et du poisson. Quand il travaille, soit dans son champ, soit sur les routes comme ouvrier ou bourjane de filanzane, de pousse-pousse ou de charrette, soit au service des prospecteurs, soit dans les concessions agricoles, son hygiène est déplorable. Il conserve sans cesse les mêmes habits mouillés de sueur ou de pluie et ne possède même, le plus souvent, ni une moustiquaire, ni une couverture pour l’abriter et le réchauffer pendant la nuit. Malgré ces conditions défectueuses, le type malgache