Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 59.djvu/435

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

météorites qui les distingue si radicalement des pluies d’étoiles filantes, dernier incident de l’histoire des comètes. Le fracas qui accompagne l’explosion du bolide à météorite, alors que la chute des étoiles filantes est toujours silencieuse, est encore une preuve, entre tant d’autres, de la différence essentielle des deux phénomènes : le bruit provient des réactions exercées sur l’air résistant par les matériaux solides des météorites, réactions que ne provoque pas la bulle gazeuse constituant vraisemblablement l’étoile filante et dans lesquelles, suivant les ingénieuses remarques de M. le marquis de Mauroy, l’électricité joue peut-être un rôle prépondérant.

On s’imagine facilement que le travail de morcellement spontané, s’exerçant sur la substance de ce petit satellite terrestre, doive nécessairement en faire comme une poussière sidérale dont la chute sur l’astre central, c’est-à-dire sur notre globe, est pour lui une source de richesse, puisqu’il y recueille des substances utilisables par les végétaux, comme le fer, la potasse. le phosphore. La destruction de la force vive des masses bolidiennes a certainement aussi son emploi dans l’économie terrestre. Chaque corps céleste restitue ainsi sa substance, — devenue comparable à celle des cadavres dans le monde organique, — à des congénères moins âgés et qui continuent de vivre.

En tout cas, la conception que nous venons d’exposer de l’origine des pierres tombées du ciel, présente ce caractère particulier qu’elle est moins une hypothèse que la constatation d’une homogénéité nécessaire dans la série des faits si bien constatés et qui ont été résumés plus haut. La liaison mutuelle des conditions propres à chaque planète n’aurait aucun sens et leur majestueuse unité serait sans objet, si le cercle qu’elles ouvrent par l’analogie de la Terre avec Vénus et Mars et qu’elles continuent par la ressemblance de ces astres avec la Lune, ne se fermait, conformément à ce qu’on vient de voir, par le morcellement spontané de la planète extramartiale et de l’ancien et minuscule satellite de la Terre. C’est là certainement l’un des exemples les plus facilement sensibles des merveilleuses harmonies qui président à l’équilibre de l’Univers tout entier.


STANISLAS MEUNIER.