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constitue un réseau, une éponge dont les vacuoles sont remplies de grains pierreux, transparens, d’un vert jaunâtre et constitués par la pierre précieuse connue sous le nom de péridot. De sorte qu’une surface sciée et polie au travers de la masse est du plus agréable effet. Si on plonge dans un acide une lame ainsi travaillée, on voit, par l’attaque et la dissolution partielle de la substance métallique, que celle-ci n’est pas homogène, qu’elle est très complexe, composée de substances très régulièrement groupées et ordonnées d’après les contours des grains de péridot. Ces substances sont surtout des alliages de fer et de nickel très inégalement solubles dans l’acide employé ; mais on y trouve aussi des phosphures, des sulfures et de la matière charbonneuse. Elles sont disposées en forme de feuillets superposés épousant tous les détails de forme des grains pierreux et se succédant dans un ordre très régulier, parfaitement indépendant des fusibilités relatives de ces matériaux.

Une telle structure serait incompréhensible si elle ne reproduisait, — jusque dans les détails les plus minutieux, — la manière d’être de certaines productions terrestres dont l’histoire est parfaitement connue. Il s’agit des filons métallifères, c’est-à-dire de roches qui nous fournissent des séries de substances indispensables à nos industries. Parmi ces filons, il en est qui consistent en fragmens pierreux rappelant (à la substance près) les grains de péridot du fer de Pallas autour desquels des produits métalliques variés sont en petits lits concentriques, dans un ordre régulier, mais, indépendant des fusibilités relatives et constituant un véritable réseau entre les substances précédentes.

On sait très bien comment les roches filoniennes ont pris naissance. Elles consistent en fragmens pierreux qui, s’étant accumulés dans des fissures du sol, où ils avaient été précipités jusqu’à une profondeur suffisante, y ont été baignés par des eaux chaudes et minéralisées ou par des vapeurs qui ont déposé, dans leurs interstices et à leurs surfaces, des substances variées et surtout métalliques.

Un filon de ce genre ne saurait donc se produire tout d’un coup. Il exige, au contraire, pour prendre naissance, l’existence antérieure de roches concassées et accumulées dans des fractures où circuleront les agens minéralisateurs. Comme cette condition est nécessaire aussi bien lorsqu’il s’agit du fer de Pallas qu’à l’égard des filons terrestres, il faut reconnaître que,