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Nous savons déjà qu’il ne faut pas faire de confusion entre l’étoile filante et la météorite. Notons seulement ici que l’origine de la première ne laisse plus de doute, et qu’elle a établi, — même contre certaines théories mécaniques auxquelles on a tenu longtemps, — la réalité de cette désagrégation d’un astre le long de son orbite, dont il importe de justifier l’application à l’histoire des petites planètes.

Pour celles-ci, le fait de la séparation successive de chacune d’elles de la masse primitive d’où elle dérive, semble bien prouvé par l’extraordinaire enchevêtrement des 600 orbites dans lesquelles elles se meuvent et qui se recoupent mutuellement en certains points. L’astronome d’Arrest disait : « Un fait semble confirmer l’idée d’une liaison intime qui rattacherait entre elles toutes les petites planètes ; c’est que, si l’on se figure leurs orbites sous la forme de cerceaux matériels, ces cerceaux se trouvent tellement enchevêtrés qu’on pourrait au moyen de l’un d’eux, pris au hasard, soulever tous les autres. » (Sur le système des petites planètes, 1851.) On n’en connaissait alors que quatorze ; les découvertes ultérieures n’ont fait que confirmer cette remarque. On peut conclure aussi le l’ait de l’égrènement spontané de l’inégale densité des différentes parties de l’anneau planétaire, dès maintenant constitué et de l’existence en une région de son pourtour d’une accumulation plus grande de petits astéroïdes[1]. Aussi considérons-nous l’état île ces corps comme représentant un cinquième stade dans l’évolution planétaire, à la suite de ceux qui nous ont été successivement présentés par Vénus, par la Terre, par Mars et par la Lune.

C’est maintenant qu’il nous faut revenir aux pierres tombées du ciel, aux météorites, pour leur demander la conclusion de cette histoire merveilleuse.


V

En comparant les unes aux autres les roches cosmiques du Muséum, on reconnaît bientôt parmi elles, outre les types simples que nous avons énumérés, des spécimens d’une complication évidente et des plus instructives.

Ainsi, on s’aperçoit que la pierre tombée le 30 mai 1866 à

  1. Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. CXXVIII, p. 36.