Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 59.djvu/425

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pour fortifier son opinion, Olbers admettait qu’une planète circulant normalement entre Mars et Jupiter avait pu être brisée par le choc de quelque comète. Mais le spectacle de l’évolution planétaire dont Vénus, la Terre, Mars et la Lune nous ont montré tout à l’heure quatre termes successifs, nous conduisent à expliquer le résultat d’une façon beaucoup plus simple et beaucoup plus satisfaisante, puisqu’elle cadre évidemment avec les grandes lignes de l’économie générale de l’Univers. Il suffit, en effet, de supposer continués les effets de contraction constatés sur la Lune comme suite à l’absorption des fluides par les roches, pour concevoir que le craquellement, commençant par l’ouverture des rainures, se continue par la fragmentation de la coque rocheuse planétaire.

Nous faisons cependant ici une restriction au sujet des planètes supérieures, provenant des zones superficielles de la nébuleuse primitive et dont l’isolement, d’après Laplace, est antérieur à la constitution du Soleil tel que le conçoit Faye. Elles paraissent exclusivement formées de substances fluides, incapables de solidification dans les conditions de milieu où elles sont placées, et, par conséquent, n’ont rien à voir avec l’ensemble des réactions qui concernent, dans l’évolution planétaire, la transformation des solides.

Dès lors, on est en droit d’imaginer un moment où circulait dans le ciel la plus ancienne des planètes du système solaire inférieur, réduite par des rainures en fragmens juxtaposés. Le mouvement d’ensemble des débris séparés a bientôt été accompagné du déplacement relatif des uns par rapport aux autres, et, par conséquent, un égrènement a commencé à se produire le long de l’orbite parcourue.

De cet égrènement, qui rappelle les phénomènes de désagrégation géologique grâce auxquels les roches massives se transforment en matériaux incohérens et mobiles, les comètes procurent un exemple remarquable. Toutes les étapes en ont été observées, depuis la première forme d’un astre unique dont la chevelure s’est déployée tant de fois dans le ciel, à l’effroi des populations naïves qui y ont vu le « cimeterre de Dieu, » puis sous l’aspects de couples ou de familles de comètes de diverses grosseurs et d’allures différentes, enfin à l’état de pluie de feu, « d’averse de Saint-Laurent, » dont chaque goutte est une étoile filante.