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celles qui, vraisemblablement, ont pris part à la constitution de la croûte pierreuse et métallique initiale de notre globe. De cette croûte primitive, dont l’histoire est d’un si puissant intérêt, nous savons bien des choses qu’il n’est pas inutile de rappeler en quelques mois. Sa substance constituante s’est révélée par un certain nombre de spécimens qui nous ont été apportés à la surface de la terre, grâce à certains mouvemens orogéniques et grâce aussi à l’éruption de diverses laves volcaniques plus ou moins anciennes.

Il faut remarquer que ce qui peut rester de la croûte initiale est maintenant recouvert par les dépôts plus récens, accumulés au cours des âges, les élémens du noyau primitif s’étant consolidés à l’intérieur par suite des progrès du refroidissement. En certaines régions, les déplacemens du sol, consécutifs à la contraction de la masse chaude interne, ont déterminé le soulèvement de lambeaux de cette zone jusqu’à la surface subaérienne, et c’est ce qui paraît avoir eu lieu en Nouvelle-Zélande pour les Dunn-Mountains. Des échantillons des mêmes assises ont été retrouvés dans les laves de volcans maintenant éteints comme ceux d’Auvergne el, par l’illustre Nordenskjöld, au prix de grandes difficultés, dans ceux du Groenland. Or, les météorites les plus fréquentes trouvent leurs correspondans parmi les matériaux de profondeur : les fers météoritiques ont beaucoup d’analogies avec les blocs métalliques que Nordenskjöld a recueillis dans l’île de Disko et dont on peut voir des fragmens au Museum ; et les pierres proprement dites ressemblent, par leur richesse en magnésie silicatée et par de nombreux traits de leur structure, aux « enclaves » du basalte du Puy-en-Velay et de régions analogues. Chose curieuse, ces roches si comparables que nous fournissent en même temps les profondeurs du ciel et les profondeurs de la terre, paraissent être en voie de formation actuelle dans la zone du Soleil dite photosphère, point de départ de la radiation calorifique, lumineuse et chimiquement active, qui fait de notre astre central le moteur de toute vie à la surface de notre globe.

Tandis que le merveilleux appareil connu sous le nom de spectroscope nous permet de reconnaître dans cette photosphère l’étoffe même des météorites, qui est en même temps celle de nos roches initiales, l’examen des conditions physiques du Soleil nous révèle les circonstances principales, vérifiées par la méthode