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III

Il ne saurait entrer dans le plan du présent article de décrire la composition intime des météorites. Disons seulement que de nombreux minéralogistes se sont consacrés à leur étude et que leurs recherches ont montré que, malgré la distance, — d’ailleurs non mesurable, faute de données, de leur gisement originel, — et bien que présentant des caractères tout à fait spéciaux, les pierres tombées du ciel sont formées des mêmes élémens chimiques que les roches terrestres.

C’est là un point d’une portée considérable. Il vient appuyer d’une manière décisive le principe fondamental d’unité de composition de tout l’univers physique, déjà étayé de preuves si frappantes par l’analyse spectrale.

Du même coup, se trouve contrôlée dans une large mesure la célèbre théorie cosmogonique de Laplace et de Kant, selon laquelle tous les membres de notre système solaire sont sortis d’une même masse nébuleuse originaire, dont le Soleil est le résidu actuel.

Il faut se hâter d’ajouter que si les élémens chimiques des météorites sont, sans exception, des matériaux déjà représentés dans la substance essentielle de la Terre, beaucoup de roches terrestres manquent cependant parmi les masses tombées du ciel. Ce sont spécialement les roches stratifiées, c’est-à-dire celles qui se sont déposées dans les bassins aqueux et qui peuvent renfermer des vestiges, dits fossiles, d’animaux et de végétaux.

Peut-être y aurait-il lieu d’insister sur cette circonstance qui a déçu, au moins jusqu’ici, l’espérance de comparer aux êtres qui ont vécu sur la Terre, d’autres manifestations des forces biologiques exercées sur d’autres points de l’espace. Mais les conclusions formelles à cet égard seraient prématurées, et nous n’avons pas le droit de déclarer qu’une découverte du genre de celle que nous n’avons pas faite encore est impossible. Trop de fois les limites qu’on a voulu opposer à la science ont été renversées par des découvertes inopinées : nous devons donc user ici de la plus grande prudence.

Pour nous en tenir au résultat actuel des observations, les types de roches météoritiques ont surtout leurs analogues dans la géologie terrestre parmi les formations les plus anciennes,