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ALFRED DE VIGNY ET BRIZEUX
(D’APRÈS DES DOCUMENS INÉDITS)

Quand la Révolution de 1830 eut à peu près dissocié la troupe des poètes romantiques et détaché pour longtemps l’un de l’autre, après une fraternité d’armes de dix années, Victor Hugo et Alfred de Vigny, un groupe littéraire assez restreint, intimement uni, se reforma autour de l’auteur d’Eloa, de Cinq-Mars, d’Othello, mais pour lui demeurer toujours fidèle.

C’était bien un groupe d’amis, de vrais amis, comme l’avaient été, comme le furent jusqu’au bout, Emile et Antoni Deschamps, Charles Nodier, Soumet, Guiraud, de Latouche, Alfred de Musset : c’était aussi, au sens large du mot, un groupe de disciples. Deux d’entre eux furent des poètes, des poètes qui survivront dans des parcelles de leurs œuvres. Quelques élégies de Marie, son premier, son meilleur ouvrage, défendront toujours Brizeux contre l’oubli, et tant qu’on trouvera de l’intérêt à s’enquérir des écrits de talent, que « le soleil de Juillet » fit éclore, Auguste Barbier demeurera le satirique, puissant au moins pendant trois jours, de la Curée, de la Popularité et de l’Idole.

A côté d’eux, quelque peu au-dessous, il serait légitime de faire une place au romancier distingué Léon de Wailly, dont le souvenir restera surtout attaché à la traduction des poèmes de Burns, et d’introduire encore le journaliste Busoni, qui prodigua son facile talent dans des chroniques de Paris informées et alertes. Mais il n’y a pas lieu de ramener au premier plan, qu’ils n’occupèrent jamais, des personnages d’intérêt moindre ou de mérite surfait, Pitre-Chevalier, Chaudesaigues, Emile Péhant,