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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La loi interdit aux conseils généraux de faire de la politique, mais pour peu qu’elle les gêne, les radicaux savent très bien s’en affranchir. Cinq ou six conseils généraux viennent donc de se livrer, sous des formes diverses, à des manifestations politiques contre le ministère. Ici le président de l’assemblée départementale a prononcé un discours sévère contre ses tendances ; là l’assemblée elle-même a voté contre lui une motion de blâme. Cinq ou six conseils généraux, c’est peu sans doute sur 80 ; mais comme on a entendu seulement ceux qui ont fait du bruit, les radicaux parlent volontiers à ce sujet de l’opinion du pays, et ils annoncent qu’à la rentrée de la Chambre, ils livreront au ministère un nouvel assaut. On s’y attendait. L’échec piteux du dernier qu’ils ont tenté n’a certainement découragé ni M. Berteaux, ni M. Cruppi, ni M. Pelletan ; ils veulent prendre leur revanche ; et M. Combes a fait savoir, dans une lettre adressée à ses électeurs, qu’il donnerait lui-même au Sénat. Tant mieux ; la situation sera plus nette ; le vrai général sera à la tête de ses troupes, et personne ne pourra se tromper sur le caractère de l’entreprise. Nous reviendrons dans un moment sur le cas spécial de M. Combes qui croit l’heure venue pour lui de rentrer en scène : il faut parler d’abord des conseils généraux.

Les élections dernières, qui ont porté sur le tiers de ces assemblées, n’en ont pas modifié la composition d’une manière sensible. Dans les élections législatives, les mouvemens de l’opinion, quoique rétrécis aux limites de l’arrondissement, parviennent à se manifester d’une manière apparente, on l’a bien vu il y a quelques mois ; mais dans un canton, où les mares sont plus petites encore et plus stagnantes, les intérêts locaux et les influences personnelles l’emportent. Nous ne nous en plaindrions pas, puisque les conseils généraux ne