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REVUE MUSICALE

UN TRISTAN ESPAGNOL LA CELESTINA, DE FELIPE PEDRELL[1]

Béni soit l’été, malgré sa froidure et sa pluie ; bénie la saison de loisir et de retraite à laquelle nous devons de connaître enfin l’ouvrage le plus original et le plus admirable peut-être, après Boris Godounow, qui, depuis les temps déjà lointains de Falstaff, nous soit venu de l’étranger. C’est à la fin de 1903 que nous reçûmes la nouvelle partition de M. Pedrell. Rien que le nom du maître catalan valait une promesse, et deux de nos confrères, l’un Espagnol, l’autre Français, nous assurèrent bientôt qu’elle avait été remplie[2]. Mais quels délais n’imposent point les hasards, les travaux, les contretemps quotidiens ! Nous éprouvons, après sept ans passés, le regret, sinon le remords d’une trop longue attente. Pour racheter envers une œuvre de cette beauté notre involontaire silence, nous ne formons qu’un souhait : donner aux artistes le désir de la connaître et particulièrement inspirer à l’un d’eux, à M. le directeur de l’Opéra-Comique, désigné pour ce devoir et cet honneur, le ferme propos, d’un prompt effet suivi, de la représenter. Elle forme, cette œuvre, la seconde partie de la trilogie « dramatico-lyrique idéale » que M. Pedrell s’est proposé d’écrire sur ces trois

  1. Amor. — La Celestina, tragi-comedia lirica de Calisto y Melibea, en cuatro actos, adaptacion de la obra del mismo titulo, de Fernando de Rojas, y musica de Felipe Pedrell. — Version francesa de Henri de Curzon, version italiana de Angelo Bignotti. — Reduccion completa para canto y piano. — Barcelona, Madrid y Bilbao.
  2. Voyez les articles de M. Henri de Curzon dans le Guide musical de février 1904 et le chapitre consacré à la Celestina par M. Rafaël Mitjana dans son volume intitulé Para musica vamos !… (chez F. Sempere y Compaña, Valencia, 1909).