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L’APPARITION DU CAPITALISME À ATHÈNES
AU SIÈCLE DE PÉRICLÈS

Quand le voyageur, arrivant par le golfe Saronique, se trouve à la hauteur d’Égine, on peut dire qu’il embrasse du regard la plus grande partie de l’Attique. Le cadre nous paraît petit pour un Etat puissant. Cependant, d’Athènes à Sounion, il y avait une, longue journée de cheval, et autant d’Athènes à Marathon : les trains ne mettent pas plus de temps aujourd’hui de Paris à Marseille. En réalité, l’Attique fut un des plus étendus parmi les Etats grecs.

Le pays a changé quelque peu depuis trois mille ans. Le ciel même de l’Attique n’est plus tout à fait le même. Il va sans dire que les traits généraux du climat, étés de huit mois, pureté du ciel, vents de poussière, se retrouvent. Mais on sait par exemple que la moisson, qui maintenant est achevée à la fin de mai, se faisait en juin dans l’antiquité. Le changement de climat a donc été réel, quoique beaucoup moins sensible ici qu’en Italie.

L’aspect du sol a été modifié bien davantage, par le déboisement. On a peine aujourd’hui à se figurer les croupes montagneuses de l’Attique couvertes d’arbres. On sait pourtant que le déboisement durait encore en pleine période classique, au Ve siècle avant Jésus-Christ : « Il est, écrit Platon, il est des montagnes qui aujourd’hui ne nourrissent plus que des abeilles, mais il n’y a pas bien longtemps qu’on les a dépouillées des arbres les plus propres à entrer dans les grandes constructions, et les abris ainsi bâtis sont encore solides. » Les arbres qui protégeaient le sol de l’Attique préhistorique ont été coupés, au