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sommes obligés de demander aujourd’hui aux dirigeables de gros volume. C’est donc avec raison que le ministère de la Guerre encourage, parmi les officiers, la pratique de l’aviation.

Tout le monde a applaudi au raid aérien du capitaine Marconnet et du lieutenant Féquant qui, au mois de juin de cette année, se sont rendus en aéroplane du camp de Châlons au polygone de Vincennes.

Cet exploit n’est pas un fait isolé, car nous venons de voir, il y a quelques jours, les voyages remarquables exécutés par nos officiers-aviateurs à l’occasion du circuit de l’Est.

J’ai signalé au début toute l’importance de ces résultats ; je me borne à les rappeler ici, car c’est une preuve de l’efficacité des mesures prises pour la formation de nos officiers-aviateurs.

Nous sommes donc certains, dès maintenant, que lorsque les aéroplanes auront atteint le degré de perfection qui leur permettra de se substituer aux ballons dirigeables, le personnel se trouvera constitué et parfaitement exercé. Dès aujourd’hui, tels qu’ils sont, on peut attendre deux des services très appréciables, et les dirigeables peuvent dès maintenant avoir à compter avec eux.


XI

L’émotion que nous avons éprouvée dans l’automne de 1909 et depuis a, somme toute, été salutaire ; elle a ouvert nos yeux sur la nécessité où nous nous trouvions de faire des efforts sérieux pour maintenir et même pour reconquérir notre suprématie aérienne ; mais il faut bien se convaincre que ce n’est pas au point de vue technique que nos voisins ont pu démontrer leur supériorité. Nos dirigeables valent largement les leurs. Quant aux aéroplanes, si l’on en excepte ceux de Wright, il n’y a que des modèles français ; les appareils d’origine étrangère sont la copie presque servile de nos monoplans ou de nos biplans. L’habileté de nos pilotes est hors de pair, et, jusqu’à présent, ce ne sont pas des aviateurs allemands qui peuvent leur enlever le premier rang. Notre infériorité est avant tout une question d’effectif et surtout d’organisation. Par suite de circonstances malheureuses et aussi de négligence, le nombre de nos unités aériennes s’est trouvé inférieur à celui des aéronefs allemands. Le remède à cette situation est une simple question