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militaires à un degré suffisant ? À l’heure actuelle, il n’en existe pas : tous laissent à désirer sous le rapport du rayon d’action ou sous celui de l’altitude.

Qu’il s’agisse d’aéroplanes ou de dirigeables, il faudra donc perfectionner les engins dont nous disposons aujourd’hui. Pour améliorer les aéroplanes, il n’y a pas de procédé spécial à employer ; ces engins sont en effet d’une telle souplesse qu’on peut à volonté utiliser d’une manière quelconque leurs propriétés générales. Le même aéroplane peut faire de la vitesse, de l’altitude, du rayon d’action suivant la volonté de son pilote, mais le tout dans des limites déterminées. On ne peut pas lui imposer une charge supérieure à un poids donné ; si on lui donne la charge maxima, il lui sera impossible de s’élever, et il en est de même de toutes les qualités possibles. Mais lorsqu’on aura perfectionné l’aéroplane, on pourra utilisera son gré l’amélioration réalisée, soit à faire plus de vitesse, soit à porter davantage ou à augmenter le rayon d’action, soit à s’élever plus haut, soit enfin à combiner dans une certaine mesure ces diverses performances. On doit donc attendre que les aéroplanes se perfectionnent, et ils le font d’une manière continue ; à un moment donné, ils auront fait des progrès suffisans pour qu’on puisse leur demander tout ce qui est nécessaire. À quelle époque en sera-t-il ainsi ? Il est impossible de le préciser, car tout dépend de la rapidité d’évolution de ces appareils nouveaux. Sera-ce dans trois ans, dans cinq ans, dans dix ans ? On peut faire là-dessus tous les pronostics qu’on voudra : il serait téméraire d’affirmer quoi que ce fût.

S’il s’agit de dirigeables, il en est tout autrement. Parmi les trois qualités militaires essentielles, l’accroissement de vitesse sera le résultat de perfectionnemens progressifs : ils resteront néanmoins toujours inférieurs aux aéroplanes. Mais, si l’on veut leur donner un grand rayon d’action, ou la faculté de s’élever à une altitude déterminée et de s’y maintenir pendant plusieurs heures, il y a pour cela un procédé infaillible, qui est d’augmenter leur volume. Chaque mètre cube ajouté augmente d’environ un kilogramme la capacité de transport ; avec 70 mètres cubes de plus, on enlève un passager supplémentaire ; avec 100 mètres cubes, on emporte un approvisionnement complémentaire de 100 kilogrammes d’essence ou d’huile, c’est-à-dire qu’on augmente la durée du voyage ; ou bien encore, on