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la chimie et de la mécanique, on peut transporter le gaz comprimé dans des tubes d’acier placés sur des voitures ou des wagons de chemin de fer ; en moins d’un quart d’heure, le ballon est gonflé ; en une demi-heure, il est équipé et prêt à s’élever dans les airs. Les ascensions se font mécaniquement au moyen de treuils à vapeur, installés sur des voitures qui servent en même temps au transport du ballon sans fatiguer les hommes. Les progrès de la métallurgie ont permis de construire des râbles en acier à la fois solides et légers avec lesquels ou atteint un kilomètre de hauteur au lieu des 500 mètres auxquels se bornaient les ascensions il y a cent ans. Au moyen du téléphone, l’observateur peut être en communication permanente avec le sol, et par suite avec le général et son état-major. Enfin, la photographie permet de fixer rapidement les observations, et souvent de constater, grâce à un examen attentif, des particularités qui avaient pu échapper aux regards de l’officier observateur. Grâce à tous ces avantages, les ballons captifs peuvent aujourd’hui rendre aux armées des services remarquables ; el, en raison de la rapidité et de la commodité du gonflement, ils ne doivent jamais être une gêne, car on n’hésite pas à les dégonfler dès l’instant qu’ils deviennent un embarras.

Mais, à côté de ces conditions favorables, les parcs militaires de ballons captifs rencontrent à notre époque des difficultés qui étaient inconnues des aérostiers de la première République. Ceux-ci n’étaient gênés dans le transport du ballon que par les arbres qui bordaient les routes, et quelquefois par des portes de villes fortifiées qu’il s’agissait de franchir. Aujourd’hui, nos chemins sont constamment traversés par des obstacles qui les dominent, et notamment par des ponts de chemins de fer, des lignes télégraphiques, ou, ce qui est plus grave, par des câbles de transport d’énergie électrique. On est arrivé par des manœuvres appropriées à exécuter ces franchissemens avec rapidité ; ils n’en sont pas moins une gêne pour le transport du ballon gonflé.

Un autre inconvénient beaucoup plus grave résulte des progrès de l’artillerie. Le ballon captif a son point d’attache sur le sol, et ce point doit être à peu près à l’abri des projectiles ennemis. Or, en 1792, il suffisait de s’éloigner de quelques centaines de mètres des batteries de l’adversaire pour être dans une sécurité complète ; aujourd’hui, c’est à cinq ou six