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pris part au circuit comme concurrens, mais les raids qu’ils ont accomplis prouvent péremptoirement que plusieurs d’entre eux s’y seraient classés en places très honorables. L’ensemble des parcours qu’ils ont effectués est, pour quelques-uns, égal à celui des aviateurs civils. Mais ils ne se sont pas bornés à se rendre d’un point à un autre : ils ont parcouru des itinéraires déterminés en passant, par exemple, au-dessus de Verdun ou de Tout pour se rendre de Mourmelon à Nancy, et en exécutant en cours de route de véritables reconnaissances militaires.

La plupart du temps chaque aéroplane était monté par deux officiers : un pilote et un observateur, comme cela aurait lieu nécessairement en temps de guerre. Tout cela est fait pour nous donner pleine confiance dans l’avenir.

Ce fut d’ailleurs pour le public une véritable révélation. On savait bien qu’au camp de Châlons et en quelques autres points du territoire, les officiers s’exerçaient à l’aviation ; mais on ne se doutait pas de l’ampleur qu’avait prise cet enseignement et des résultats obtenus. Les noms des lieutenant Féquant et Cammermann étaient inconnus hier ; aujourd’hui, ils ont acquis une popularité universelle et de bon aloi.

Il en sera toujours ainsi lorsqu’on fera appel au zèle et au dévouement de nos officiers ; comme toujours ils travailleront en silence, sans se soucier d’une vaine gloire, et tout d’un coup la France aura la satisfaction d’apprendre ce qui s’est fait, et de constater une fois de plus qu’en toutes circonstances elle peut compter sur son armée.

Nous verrons, dans le cours de cet article, pour quelles raisons il ne faut pas encore s’adresser exclusivement aux aéroplanes pour constituer notre flotte aérienne de guerre ; mais le spectacle dont nous venons d’être témoins prouve que ce moment approche, et qu’en attendant qu’ils possèdent toutes les qualités requises au point de vue de la guerre, les aéroplanes militaires peuvent déjà rendre de précieux services.

Ce sont des constatations que je suis heureux de faire au début de cette étude, et si, dans les pages qui vont suivre, j’ai à faire quelques critiques, le lecteur voudra bien ne m/accuser ni de pessimisme, ni d’esprit de dénigrement systématique. En France, on peut quelquefois faire fausse route, mais on sait souvent rentrer dans la bonne voie et on ne doit jamais désespérer de rien.