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Le texte de la convention est très court : il se compose d’un préambule et de trois articles. « Le gouvernement impérial de la Russie et le Japon, dit le préambule, sincèrement attachés aux principes établis par la convention du 30 juillet 1907, et désireux de développer les effets de cette convention en vue de la consolidation de la paix en Extrême-Orient, sont convenus de compléter ledit arrangement par les dispositions suivantes… » Nous les résumons. Par l’article 1er, les hautes parties contractantes « s’engagent à se prêter mutuellement leur coopération amicale en vue de l’amélioration de leurs lignes de chemins de fer respectives en Mandchourie et du perfectionnement du service des raccordemens desdites voies ferrées, et à s’abstenir de toute concurrence nuisible à la réalisation de ce but. » Par l’article 2, elles s’engagent à « maintenir et à respecter le statu quo en Mandchourie, tel qu’il résulte de tous les traités, conventions et autres arrangemens conclus jusqu’à ce jour, soit entre la Russie et le Japon, soit entre ces deux puissances et la Chine. » On voit de mieux en mieux, à mesure qu’on avance, que la convention de 1910 est la suite naturelle de celle de 1907 à laquelle elle se réfère ; elle la complète comme elle le dit, mais en même temps elle la concrète par des engagemens précis. « Coopération amicale, » dit l’article 1er, au lieu de rivalité économique soutenue par le conflit des influences politiques. Maintien du statu quo, dit l’article 2, et le statu quo est défini d’une manière irréprochable, inattaquable, par les traités et arrangemens qui l’établissent. Mais s’il vient à être menacé ? « Dans le cas, dit l’article 3, où un événement de nature à menacer le statu quo susmentionné viendrait à se produire, les deux hautes parties contractantes entreront chaque fois en communication entre elles, afin de s’entendre sur les mesures qu’elles jugeront nécessaire de prendre pour le maintien du statu quo. » Les termes de cet article sont très généraux. « Un événement de nature à menacer… » est une expression d’une portée très large. Si l’événement se produit, les deux puissances ne disent pas par avance ce qu’elles feront ; elles s’engagent seulement à entrer en communication pour s’entendre à ce sujet. Il semble bien que ce soit là, pour le moins, une alliance défensive. La formule employée n’est pas nouvelle ; elle a servi dans d’autres conventions du même genre ; mais, comme ces conventions n’ont pas été mises encore à l’épreuve de l’événement, on ne saurait raisonner sur leurs conséquences que par hypothèses : et ces hypothèses peuvent conduire très loin. En somme, les deux puissances, après se l’être violemment disputé, reconnaissent qu’elles ont un bien commun à défendre, et